Né le 16 janvier 1917, Justin Ahomadegbé-Tomêtin était un homme politique béninois très actif lorsque son pays était connu sous le nom de Dahomey. Il est né sur une scène politique où le pouvoir était dicté par la région du Dahomey dans laquelle on vivait. Il a été Président de l’Assemblée nationale du Dahomey d’avril 1959 à novembre 1960 et premier ministre et vice-président du Dahomey à partir de 1964 jusqu’en 1965. Ahomadégbé est devenu président dans le cadre d’un système de rotation entre trois personnalités politiques de premier plan : Ahomadégbé, Hubert Maga et Sourou-Migan Apithy. Maga a remis pacifiquement le pouvoir à Ahomadégbé le 7 mai 1972. Le 26 octobre 1972, il a été renversé lors d’un coup d’État mené par Mathieu Kérékou. Tous trois sont restés assignés à résidence jusqu’en 1981. Ahomadégbé-Tomêtin est le descendant direct des rois d’Abomey, sa ville natale. Il a fréquenté l’École William Ponty et l’École de médecine de l’Afrique occidentale française à Dakar. Il sert brièvement dans l’armée française, où il atteint le grade de sergent. Après sa courte carrière militaire, Ahomadégbé-Tomêtin décide de se lancer dans la médecine dentaire en ouvrant un cabinet à Porto-Novo. À l’origine membre de l’Union progressiste dahoméenne (UPD), il fonde en 1946 le Bloc du peuple africain (BPA) et est élu au Conseil général peu de temps après. Il fut réélu en 1952. En 1955, le BPA fusionna avec l’UPD pour créer l’Union démocratique dahoméenne (UDD). Il était un critique virulent de la domination française et a acquis de l’influence en s’alliant aux syndicats. Grâce à cela, Ahomadégbé-Tomêtin fut élu Maire d’Abomey lors des élections de novembre 1956. Les résultats des élections territoriales de 1959 furent les suivants : le Parti républicain du Dahomey (PRD), dirigé par Sourou-Migan Apithy, obtint 37 sièges avec 144 038 voix ; le Rassemblement démocratique dahoméen (RDD), dirigé par Hubert Maga, a obtenu 22 sièges avec 62 132 voix ; et l’UDD d’Ahomadégbé-Tomêtin n’a reçu que 11 députés pour ses 162 179 voix. Ce qui a suivi a été décrit par le journaliste Robert Matthews comme « une explosion immédiate ». Les partisans d’Ahomadégbé-Tomêtin ont déclenché des émeutes si violentes que des soldats français ont été appelés pour les réprimer. Apithy et Ahomadégbé-Tomêtin ont convenu de partager entre eux les 18 sièges contestés dans une circonscription du sud-ouest à la suite d’une médiation effectuée par Félix Houphouët-Boigny. Justin Ahomadégbé-Tomêtin mort le 8 mars 2002 à 85 ans à Cotonou.
Flora HOUNSOUNOU
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