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Initiative de l’Eglise catholique sur le code électoral : Un Colloque à polémique ? (La rencontre qui aurait pu réunir divise la classe politique et même la société civile)

Environ trois cents (300) personnes représentants de partis politiques, acteurs des organisations de la société civile et simples citoyens, sont conviés le jeudi 25 avril 2024 au colloque sur le nouveau Code électoral.
Cette Initiative est de la conférence épiscopale du Bénin et soutenue par d’autres confessions religieuses. Elle porte sur le thème : « Les modifications du Code électoral au Bénin, de 1990 à aujourd’hui : le Code électoral, le vivre ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation ».
Les travaux sont articulés autour de trois (03) objectifs spécifiques que sont : faire une étude des différentes modifications du Code électoral du Bénin; faire une analyse critique, objective et constructive du Code électoral modifié et complété en 2024, pour juger de sa pertinence par rapport aux autres Code; et enfin, montrer le rapport à maintenir entre Code électoral, vivre ensemble et participation de tous aux autres élections, pour la construction du pays.
A travers l’Aumônerie nationale des cadres et personnalités politiques, et l’Observatoire chrétien catholique de la gouvernance, l’Eglise organise donc un débat consacré aux dispositions de la loi n°2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral au Bénin. Les experts se sont prononcés pour orienter les participants qui, globalement pensent , selon différentes interventions, que ce texte de loi est perfectible, car comportant quelques insuffisances qu’il faudra corriger pour des élections paisibles en 2026. Par exemples,Célestine Zanou, ancienne directrice de cabinet du président Mathieu Kérékou, l’expert en gouvernance politique et électoral Francis Laleye, Dr Mathias Hounkpè et Pr Samson Igor Bidossessi, le Code électoral a été décortiqué. Entre autres thèmes abordés par ces experts, l’on peut retenir les modifications du Code électoral au Bénin de 1990 à aujourd’hui: fondements et analyse ; le nouveau Code électoral : présentation, analyse et perspectives ; le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation : une trilogie féconde ; et le vivre-ensemble : force et visée de toutes lois, mesures et actions de développement national. « S’il faut s’en tenir à la démarche ainsi qu’au contenu du Code électoral révisé dans la nuit du 05 au 06 mars 2024, on a bien des raisons de s’inquiéter » a martelé Célestine Zanou. La question du parrainage du duo candidat à la prochaine présidentielle, le seuil d’éligibilité au partage des sièges, et bien d’autres ont suscité l’inquiétude des experts.
Pour Mgr Roger Houngbedji, Archevêque de Cotonou : « Nous ne pouvons rester sans rien faire, ni laisser le peuple béninois aller à son mécontentement, ni les partis politiques à leur division. Le devoir est alors grand et nous y sommes tous et toutes conviés. Avant, pendant et au-delà des élections, le vivre-ensemble doit être possible ». Il va renchérir : “Aucune raison ne peut laisser personne indifférent à la situation qui prévaut actuellement. A voir ce qui se passe ailleurs, il serait inutile de jouer à la politique de l’autruche, d’envisager la démission ou de se résoudre à la victimisation en faisant semblant de ne point voir les maux qui nous minent ». A en croire le prélat, le Bénin est l’un des rares pays à avoir mis dans sa devise la fraternité. Celle-ci fait de ses fils et filles une nation constituée sur le fondement de la cohésion sociale. Le vivre-ensemble devrait représenter la fierté et la primauté de toutes les structures, institutions, valeurs et normes de la nation. Pour le Dr Mathias Hounkpè de l’International Foundation for électoral system (Ifes): « pour sauvegarder ce vivre-ensemble, il faut aller vers la reprise du code électoral. »
Seulement ce colloque a la grande faiblesse de ne pas réunir les deux camps politiques du pays. La mouvance présidentielle n’y était pas du tout. Les responsables politiques de l’union progressiste le renouveau, ceux du Bloc républicain et d’autres partis soutenant le régime de Patrice Talon ont boycotté ce rendez-vous militant. Il en est de même du côté du gouvernement.
Invité le jeudi 25 avril 2024 à la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, s’est prononcé sur ce colloque de l’église catholique sur le code électoral. Il a affirmé d’emblée : « Je ne critique pas l’attitude du Clergé mais je peux mettre l’accent sur ce qui me paraît être critiquable voire condamnable dans la démarche ». Ce faisant, il a jugé utile de faire des mises au point pour une meilleure compréhension de la position du gouvernement par rapport à ce colloque. Pour lui, la démarche est inappropriée et non avenue. « L’église catholique est mieux placée pour comprendre la portée des réformes parce que pour que l’église catholique soit ce qu’elle est aujourd’hui, et pour que les acteurs en soient fiers, il aura fallu à un moment donné aussi, le courage réformateur d’un certain Grégoire VII quand il arrive à la papauté avec les mesures fortes, les réformes pour redorer le blason de l’église. » a déclaré le porte-parole lors de l’émission. Il invite tout le monde à l’école du bons sens. De ce point de vue, il ajoute : « Et toutes choses que nous faisons aujourd’hui visent à réhabiliter notre pays. »
Finalement, on est bien en droit de se poser la question si ce colloque n’est pas à polémique ?
La suite nous édifiera. Bénin Espoir publie l’intégralité des propos du porte-parole du gouvernement sur le plateau de la télévision nationale:
« Avant même le vote de ce Code, le Clergé catholique comme certaines Organisations de la société civile se sont dépêchés de faire ce que j’appelle une dénonciation a priori. Ils avaient une certaine crainte par rapport à une disposition qui d’après leur compréhension de ce moment-là, aurait été de nature à empêcher certains partis même représenter à l’Assemblée nationale aujourd’hui d’avoir leur candidat pour la présidentielle de 2026.
Chacun a pu voir que le Code qui a été voté n’a pas cette vocation. On n’a pas entendu le Clergé revenir dire, on s’était trompé. On a juste voulu alerter pour que ça n’aille pas dans ce sens. Ensuite, une fois que le code a été voté, ceux qui étaient minoritaires à l’Assemblée nationale, dont certains des amendements ont été pris en compte dans ce code mais qui n’ont pas trouvé satisfaction sur certains d’autres aspects du code ce sont dépêchés d’aller se plaindre au clergé entre autres.
Là aussi, il ne m’a semblé que le Clergé se soit fendu d’un courrier, d’une demande au gouvernement, ou à l’Assemblée nationale pour comprendre les tenants et aboutissants, l’exposé des motifs de ce Code, se faire une idée avant de convoquer ce colloque. L’arbitre neutre, le médiateur aurait fait exactement cela.
Pour le colloque, j’aurais voulu voir le Clergé solliciter de l’Assemblée nationale par exemple, de lui mettre à disposition le président de la commission des lois pour venir exposer à cette occasion, les tenants et aboutissants de la loi, donc l’exposé des motifs, et après que les députés de toutes obédiences viennent faire débat.
La démarche est critiquable et condamnable d’autant qu’elle vient de l’Eglise catholique.
L’Eglise catholique est mieux placée pour comprendre la portée des réformes parce que pour que l’église catholique soit ce qu’elle est aujourd’hui et pour que les acteurs en soient fiers, il aura fallu à un moment donné aussi, le courage réformateur d’un certains Grégoire VII quand il arrive à la papauté avec les mesures fortes, les réformes pour redorer le blason de l’église. Et toutes choses que nous faisons aujourd’hui visent à réhabiliter notre pays. Faire en sorte que les pratiques changent dans le bon sens, qu’elles portent le pays vers le haut, vers l’avant. Quand les réformes se faisaient sous Grégoire VII aussi ce n’était pas facile à vivre mais aujourd’hui, je crois que chacun d’eux est fière d’appartenir à cette grande famille qu’est l’église catholique. Nous rêvons aussi que demain, passer le temps des querelles politiques, que tous puissent dire notre pays à progresser, nous y avons contribué. D’une manière ou d’une autre. ».

Mesmin Afano

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