L’UEFA a donc décidé de créer une troisième Coupe d’Europe pour 2021. Une compétition qui pose des questions de format, de calendrier, mais aussi de légitimité sportive. Et qui signifie peut-être tout simplement que, contrairement aux annonces, les déséquilibres vont encore se creuser un peu plus.
Une Coupe Intertoto revisitée
La Coupe des vainqueurs de coupe a donc été enterrée sans plus de cérémonial il y a bientôt vingt ans. Malgré son charme et son histoire. À cause de la place trop grande qu’elle concédait aux « petits » . L’annonce de la création d’une troisième compétition européenne à partir de 2021 par l’UEFA serait-elle une croisade pour la renaissance de cet esprit originel de la Coupe d’Europe ? Sous couvert d’anonymat, un ancien membre des instances dirigeantes du football en doute. « C’est surtout un retour de la Coupe Intertoto, car la C2 a finalement fusionné avec la C3 et se prolonge aujourd’hui en Ligue Europa, où l’on a les vainqueurs des coupes nationales. » L’intérêt, tant sportif que financier, apparaît bien limité. Sauf du point de vue politique. « C’est en quelque sorte un hochet que l’on donne aux laissés-pour-compte pour qu’ils puissent s’amuser. Les gros clubs ont mis en place un système qui les favorise, et pour faire passer la pilule, on propose des petites compensations. » Mais selon l’ancien dirigeant, bien au fait des rouages et des jeux en coulisses, « les compensations sont toujours filtrées au maximum » . Et les vrais solutions laissées dans les tiroirs. « Le plus logique aurait été de revenir sur la décision de 2016 de donner quatre places directes aux quatre grands championnats. Là, on a d’abord offert une petite voie d’accès aux champions des petits pays, et maintenant on met sur pied une compétition de toutes pièces. »
L’ECA et les autres
Une évolution du plateau européen qui fait écho aux décisions de la FIFA concernant la Coupe du monde, avec un passage à 48 équipes. Là où la configuration à 32 équipes offrait un équilibre presque parfait, l’ouverture du Mondial va nous offrir une phase de groupes bancale avec des groupes de trois, idéaux pour provoquer des remakes du RFA-Autriche de 1982. « Cela signifie que les problèmes du football, nés des déséquilibres engendrés par l’arrêt Bosman, sont toujours plus importants. Le football est quasiment au point de rupture, avec des divergences de revenus toujours plus grandes entre l’élite et la base, des Ligues nationales qui sont en danger car les gros clubs veulent les délaisser… » L’ECA, qui a officiellement milité pour la troisième Coupe d’Europe, est d’ailleurs dans le viseur de l’ancien dirigeant. « L’ECA, avec cette nouvelle compétition, veut donner un semblant d’image démocratique. Mais finalement, il n’y a que 200 membres sur le millier de clubs existant dans les ligues européennes, et dans les décisionnaires réels, il n’y a que les membres du comité directeur, représentés par les 10 ou 15 plus grands clubs. Pourquoi s’étonner ? » Pour l’UEFA, le challenge va surtout consister à installer durablement sa nouvelle épreuve. La Ligue Europa a peine retapée et enfin légitimée, on imagine mal quel intérêt sportif et marketing pourra offrir la troisième compétition, dont on sait d’ailleurs encore assez peu. D’autant que ses matchs, joués le jeudi, seront en concurrence directe avec la plus « compétitive » C3, en fin d’une semaine dominée par la C1… « C’est très clair, ce projet est né de considérations politiques et n’a aucune viabilité économique. En réalité, cela ressemble à une personne qui va manger dans un restaurant trois étoiles et qui donne 10 euros à un pauvre en lui disant : tiens, va au fast-food. »
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