ECONOMIE

Cession des activités logistiques de Bolloré en Afrique : Bolloré père, va à la retraite l’Année prochaine

Vivendi Chairman Vincent Bollore arrives at the French Senate, Wednesday, June 22, 2016 in Paris. Bollore said the media giant was interested in entering the publishing business to broaden its content offerings. (AP Photo/Kamil Zihnioglu)

L’annonce est tombée le jeudi 31 Mars 2022. Bolloré s’en va de l’Afrique. Bolloré Logistics, est entrain de plier bagage et de dire au-revoir et bye bye à toute l’Afrique, aucune partie de cette fructueuse Afrique pour Bolloré Logistics n’est d’ailleurs épargnée. Pourtant cette même fructueuse Afrique a quand même nourrit Bolloré pendant tant d’années et du jour au lendemain, il décide de lâcher la marmite juteuse de cette façon.. ? Bien curieuse interrogation qui nous amène à connaître les alibis sur ce départ de la grande et puissante Bolloré Logistics, leader du transport et de la logistique, dans toute l’Afrique.

Ce qui est annoncé et connu par l’entremise du groupe Bolloré Logistics, est qu’il est parvenu à un accord avec l’armateur italo-suisse MSC en vue de la cession de ses activités logistiques en Afrique, branche emblématique du groupe, pour 5,7 milliards d’euros. C’est donc MSC, numéro 1 mondial du transport par conteneur, qui rachète pour 5,7 milliards d’euros les activités de Bolloré en Afrique, à savoir la filiale Bolloré Africa Logistics. Les deux groupes sont des sociétés qui interviennent dans le même secteur d’activité et étaient en négociations exclusives depuis décembre dernier.

Ces trois derniers mois, les dirigeants de Bolloré sont allés discuter avec les dirigeants des États dans lesquels Bolloré gérait des concessions portuaires pour les convaincre du bien-fondé de cette opération. Le groupe MSC et le groupe Bolloré se connaissent bien et sont complémentaires. Les dirigeants de MSC sont notamment très introduits en France où ils possèdent des activités portuaires ainsi que dans les chantiers navals. Pour notre interrogation de départ du mobile de cette cession de Bolloré Logistics, donc, à abandonner la juteuse marmite Afrique, il y aurait un virage stratégique qui a été incarné par le fait que Vincent Bolloré père, fondateur de toute la logistique africaine du groupe, part à la retraite l’année prochaine. Et son fils, Cyril Bolloré, n’a jamais été impliqué dans les affaires africaines.

Ensuite, comme deuxième chose fondamentale à prendre en compte, c’est le fait que monsieur Bolloré est un fin financier et c’est le bon moment pour vendre des actifs, puisque les signaux du marché sont extrêmement positifs, et la valorisation des actifs est élevée. Le rapport offre-demande est favorable à Bolloré. En face, nous avons MSC, un groupe avec une filiale de manutention baptisée TIl, et des activités de logistique comme Medlog qui sont particulièrement choyées par le marché. Donc ils ont des liquidités et des capacités pour pouvoir accélérer leur développement africain. Il y a un bon alignement des planètes finalement.

Il faut noter que des déboires judiciaires ont toqué la porte de certaines filiales de Bolloré Logistics dans des pays Africains. Cette situation, serait-il lui aussi, un facteur pour le départ du groupe, de l’Afrique..? En 2019, Bolloré a vendu ses intérêts portuaires français, car c’était aussi un joli coup de poker et une bonne façon de se délester d’une partie de ses actifs. Il y a plus un autre argument que l’argument polémique sur la personnalité de Vincent Bolloré. Aujourd’hui, pour gagner en Afrique une concession portuaire, il faut mettre sur la table plusieurs centaines de millions de dollars. La concurrence s’est exacerbée comme elle ne l’était pas il y a vingt ans. Le coût d’entrée financier est largement supérieur à ce que l’on a connu par le passé.

Par conséquent, Bolloré est dans l’idée que seul, face à des grands groupes comme DPWorld ou TIL Group, les investissements sont très conséquents. C’est peut-être un changement de dimension que Bolloré n’a pas envie d’assumer à l’avenir. MSC est un armateur réputé puisqu’il est le premier transporteur de marchandise en conteneur au Monde. Hormis à Lomé, au Togo, où TIL possède son grand hub de manutention et de transbordement, où Bolloré a son terminal et où la fusion des deux entités crée une position dominante, voire monopolistique, toutes les autres places sont plutôt complémentaires finalement. On est plus dans une logique pour MSC de vouloir remonter la chaîne de valeurs. Une logique très cohérente. Une cohérence industrielle et peut-être aussi une continuité idéologique de ces groupes européens dans leur relation avec les dirigeants africains. Les ports sont stratégiques pour les États, et les pays cherchent sans doute à minimiser les effets des changements d’actionnaires.

Pour les dirigeants français, il est préférable de voir les intérêts rester entre des mains européennes plutôt que chinoises ou émiraties. Le groupe français CMA-CGM était aussi au rendez-vous dans les négociations de cession du groupe Bolloré Logistics Afrique, mais, il n’a pas pû remporter la mise. La logique franco-française aurait été plus forte encore. Le constat est que le rachat du groupe par un autre Européen, fait qu’il n’y a pas de rupture idéologique, ce qui aurait été le cas avec des Chinois, des Émiratis, des Turcs ou des Indiens .

Aristocrate Goussikinde

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