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Suite aux récentes déclarations de l’ancien Président de la République : Le patriarche da Silva interpelle Yayi

 

Les récentes déclarations de l’ex Président YAYI Boni, au sujet de la main, publiquement tendue, du Chef de l’Etat, SEM Patrice TALON, invitant à la réconciliation avec son prédécesseur, ne laissent pas de surprendre par leur caractère haineux et revanchard.  Souffrir le martyr, 52 jours, isolé, sans assistance d’aucune sorte, est un moindre mal par rapport à la quiétude de tout un peuple, et la paix dans notre pays.

Ces propos sont, à tout le moins, choquants, de la part de l’ancien Chef d’Etat, beaucoup plus âgé que son successeur, mais qui refuse obstinément de prendre de la hauteur et de désarmer son cœur.  La chose est d’autant plus incompréhensible, que cet ancien Chef d’Etat, YAYI Boni, passe pour un pasteur évangélique.

Fidèle à son franc-parler, le Patriarche Urbain Karim Elisio da SILVA, ne fait pas dans la dentelle.  Dans les lignes qui suivent, ce qui a tout l’air d’une admonestation paternelle, Urbain Karim Elisio da SILVA invite l’ex-Président YAYI Boni à agir conformément aux préceptes religieux qu’il est supposé professer, d’une part sur le pardon, et d’autre part, sur l’impérieuse obligation qu’il y a, pour tout fidèle à obéir, aux lois de la république et de respecter les autorités politiques, tout pouvoir venant de Dieu.

Ses origines communes avec YAYI Boni, sa grand-mère étant Bariba comme ce dernier, l’autorisent à lui rappeler l’injonction biblique suivant laquelle le soleil ne doit pas se coucher sur notre colère.

Egrener sans arrêt, comme le fait YAYI Boni, les griefs qu’il a contre le Président Patrice TALON, est assez révélateur d’un état d’esprit peu enclin au pardon et à l’oubli.

Alfred de Musset ne nous enseigne-t-il pas avec pertinence que :

Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine

De pardonner les maux qui nous viennent d’autrui,

Epargne-toi du moins le tourment de la haine,

A défaut du pardon, laisse venir l’oubli.

 

Les morts dorment en paix dans le sein de la terre

Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints

Ces reliques du cœur ont également leur poussière

Sur leurs restes sacrés ne portons pas les mains

 

Pourquoi dans ce récit d’une vive souffrance

Ne veux-tu voir qu’un rêve  et qu’un amour trompé

Est-ce donc sans motif qu’agit la providence

Et crois-tu donc distrait le Dieu qui t’a frappé….

Dieu aurait-il mal tranché ce différend en faisant Talon roi ? Il y a donc lieu de s’interroger sur ce que veut réellement YAYI Boni ? A quoi sert-il de ressasser le passé, si douloureux fût-il, quand, en face, reste tendue, la main de la réconciliation.

S’employer à évoquer Dieu, comme son sauveur, et être incapable de pardon, laisse quelque peu perplexe. Même si YAYI nous enseignera que la politique est faite de ruse et d’intrigue.

S’il est vrai que YAYI Boni est l’aîné du Président Patrice TALON, nombreux sont les béninois qui sont ses devanciers, à lui, qui, ayant fait leurs humanités, l’invitent en toute modestie, à avoir de la grandeur et la magnanimité de ce général d’armée qui dit à son housard fidèle, sur un champ de morts après la bataille, de donner tout de même à boire à un ennemi blessé qui venait pourtant d’attenter en vain à sa vie.

Parce que simplement et gravement le Pardon est indispensable. Or, en ces temps incertains de tensions exacerbées et de haines attisées par tant d’ignorances entre les personnes, aveuglées qu’elles sont par les méprises dédaigneuses et par les abus outranciers, évoquer le pardon paraît de prime abord malaisé, déplacé.

En réalité, le pardon se déploie sur deux axes, la dimension verticale où Dieu miséricordieux est enclin à absoudre les fautes des hommes et la dimension horizontale où ceux-ci auront à se pardonner mutuellement leurs manquements, s’ils veulent goûter à la félicité de la réconciliation sincère.

« Apprenons dans la fidélité au même Dieu, le Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob, à nous comprendre, et dans le respect de nos divergences à entrevoir dans l’avenir, dans la même direction spirituelle, en un mot à nous aimer sincèrement afin de pouvoir nous entraider constamment, et pour que l’amour nous oriente sur la voie de la Charité qui conduit à la Vérité ».

Celui qui a demandé pardon doit être pardonné, tout comme celui qui ne l’a pas demandé. Nous devons, en tant qu’êtres humains, pardonner à tout prochain. En effet, nous sommes essentiellement des pécheurs et notre activité quotidienne la plus grande, est le péché.

Tant l’offenseur que l’offensé, tous les deux sont pardonnés chaque jour. Si Dieu ne leur accordait pas sa grâce et sa miséricorde, où seraient-ils ? On peut demander pardon à Dieu, il n’existe pas de péchés impardonnables : A tout péché, miséricorde ! Tel est le mode de fonctionnement de Dieu.

Qui sommes-nous donc pour ne pas pardonner ? Celui qui refuse de pardonner ou ne donne son pardon que du bout des lèvres, mais, chaque jour, s’entête à nourrir des ressentiments contre son prochain, ne serait-ce que par ses actes et ses paroles, ignore-t-il que lui-même a offensé d’autres, aussi intensément, sinon plus ?

Quelques événements et péripéties des années de l’ère YAYI ont laissé, à ce jour, de constants mécontents, des frustrés en rage, et de chauds aigris.

Que dire d’un Premier Ministre ou plus précisément, Vice-Premier Ministre, qui voulut démissionner parce qu’il avait été correctement dupé puisqu’on lui fit prendre l’ombre pour la proie ?Il a pardonné, il est resté au gouvernement, mais qu’est-il advenu de toutes les promesses qui lui avaient été faites ? Devrait-il, pour cela, se répandre sur la place publique et régler des comptes, au nom de toute sorte de prétexte ?

Que dire des familles endeuillées, pour une raison ou une autre, sous le règne du Président YAYI, qui ont vu les affaires relatives à leur perte, classées sans suite ou oubliées?

Celui qui, pour l’heure, est maître du Bénin, comme naguère le fut le Président YAYI, a, sans doute, offensé beaucoup de personnes, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.

Mais, revient-il à l’ancien Président qu’il a tout de même participé à faire élire et réélire, de rendre son mandat invivable et son règne ingouvernable, parce que, entre temps, ils ne se sont plus entendus ? Si le Président KEREKOU avait voulu rendre le pays ingouvernable sous le régime de son successeur, ce dernier aurait-il pu tenir un an à la tête du pays ?

Ne rendons pas les choses plus difficiles. Il y a un moyen très efficace auquel on doit recourir pour ne pas embraser le pays, si vraiment on est de bonne volonté, c’est l’obligation de réserve.

C’est une forme évoluée de la retenue et seuls les personnages sages en sont capables et dignes. C’est pourquoi les anciens Présidents de la République y sont astreints, car, même s’ils n’y sont pas obligés c’est toujours heureux et à bonne fin qu’ils l’évoquent.

Comment alors, croire que quelqu’un qui nous a dirigés 10 ans durant, n’en tiendrait-il pas compte ? Qu’est-ce qui lui fait mal à ce point ? Ce serait mentir que de ne pas le dire : le Président YAYI est un homme sage au grand cœur. J’attends donc de lui qu’il le démontre à tous.

Je me refuse de penser et même de croire qu’il n’est pas capable de pardon.

Subséquemment, j’attends, du Président YAYI Boni, qu’il pardonne, publiquement et solennellement, à son successeur, afin que disparaissent, de notre espace médiatique, ces dissensions entre présidents qui n’honorent pas notre pays et, pourraient ternir notre image, sur la place internationale.

Je voudrais dire au Pasteur YAYI que si la foi est vivante, elle doit impacter tout notre être, toutes les relations que nous avons avec les autres, mais aussi avec soi-même. C’est une expérience qui se renouvelle tous les jours. C’est une guérison intérieure que de connaître le pardon de Dieu et de l’accorder aux autres.

Né musulman, les vicissitudes de la vie ont amené YAYI Boni  à être chrétien, et de nos jours, pasteur, qui  ne fait rien sans évoquer le nom de Dieu, le Père céleste. Comment comprendre sa fronde permanente envers le pouvoir après l’avoir exercé, 10 ans, grâce à celui qu’il n’a de cesse de pourfendre ?

En 2016, nous pensions, lors de l’investiture de l’actuel Président, la hache de guerre définitivement enterrée. Force est aujourd’hui de constater que la haine et la rancune couvaient sous les cendres de la défaite et de la désillusion, ce qui est regrettable et impose un sursaut.

Car, il s’agit bien d’une situation unique dans notre pays depuis l’indépendance. De Maga à Kérékou II, je n’avais jamais vu ça. J’ai été témoin d’une coopération différente, jusqu’au niveau des relations personnelles entre tous les présidents, de notre pays depuis 1960.

J’ai vu les Présidents Apithy, Maga, et Ahomadégbé, se combattre, même, avec terrible véhémence. Jamais ils n’ont atteint ce niveau de mépris. Bien au contraire dès qu’il y avait le moindre problème, ils se mettaient ensemble, ils se réunissaient.

Malgré l’âpreté des campagnes électorales, jamais je n’ai rien vu d’un tel niveau de mépris a fortiori de haine. Parfois, Apithy m’envoyait lui appeler Ahomadégbé, quand il avait quelque souci de santé, et ce dernier se dépêchait d’aller lui porter efficacement secours en lui prodiguant les meilleurs soins qu’il pouvait. Le Président YAYI était sans doute très jeune à l’époque, mais sait-il, seulement, que plusieurs alliances politiques, MAGA-AHOMADEGBE, MAGA-APITHY, et APITHY-AHOMADEGBE, ont existé et fonctionné dans ce pays ?

Les relations entre les trois anciens Présidents de la République Maga Ahomadégbé et Apithy sont un bel exemple à suivre pour la postérité.

Apithy proclama fin 1958 la république du Dahomey, mais c’est Maga qui devint Président de la République le 01 Août 1960 en obtenant le soutien d’Ahomadégbé.

Apithy, humilié, dans sa voiture, partit en pleine rue. Plus tard, ils se réconcilièrent. Apithy accepta d’être ministre puis ambassadeur à Paris.

D’autres événements se produisirent par la suite comme la crise par laquelle on retrouvera ensemble et unis dans le WOLOGUEDE, Apithy et Ahomadégbé. C’était à cette même époque qu’on annonçât le million en livi et le milliard, en liva.

En 1968, Zinsou arriva au pouvoir, nommé par le Commandant Maurice KOUANDETE. APithy et Maga étaient à l’extérieur, ils rentrèrent par le TOGO où se rendit Ahomadégbé pour aller à leur rencontre à Lomé et les accueillir.

Zinsou ne l’entendit pas de cette oreille, il les contraignit à l’exil et rien n’y fit, pas même l’intervention du Président EYADEMA. Zinsou à peine installé cherchait à légitimer un pouvoir qu’il tenait de l’usurpation.

Plus tard sous la révolution, ils furent à nouveau réunis et internés. Cette fois-ci, ils furent à AVRANKOU. Leurs épouse et parents leur y apportaient de la nourriture. Ils vivaient et mangeaient ensemble. Il en était de même pour les distractions qu’ils s’offraient ensemble et au cours desquelles Apithy apprit à ses collègues à jouer à la belotte. Ils vivaient comme trois pigeons.

A la mort d’Apithy on vit les deux autres meurtris par la douleur et le chagrin … si profond qu’ils en pleurèrent. Leurs discours marqués par de fortes émotions étaient si poignants qu’ils en attristèrent le public.

Apithy désormais mort, les deux autres marchaient dans la rue, avançant main dans la main.

Dans le même registre, un autre épisode nous ramène aux relations épicées Kérékou-Azonhiho. On sait que tous les deux se sont rejetés l’un et l’autre la responsabilité de la disparition du capitaine Michel AÏKPE.

Le jour de son investiture, Kérékou en attribua l’entière responsabilité à Azonhiho. Ils finirent par se réconcilier et Kérékou éleva Azonhiho au grade de Général, membre de son gouvernement, …

C’est donc dire, au vu de tout ce que je viens de rappeler, dans les lignes précédentes, que nous ramons contre le cours de l’histoire. Le Bénin en sortirait-il honoré ? Bien sûr que non ! Tout le monde sait que c’est une très mauvaise image que nous projetons de nous-mêmes, entravant également notre avenir à cause des divisions que cette attitude ne peut manquer de créer sûrement. Voulons-nous détruire notre pays ? Je ne le crois pas. Ce qui se passe est avant tout déplorable. Il faut en finir dès maintenant !

Je ne souhaite pas, du tout, qu’on commence une Année Nouvelle avec des invectives de ce genre. Ça suffit !

A ce rôle, que le grand-frère donne donc le bon exemple.

Source: Cellule de communication de Karim Urbain dasilva

(Ancien candidat à la Présidence de la République ;

Président du Comité des sages de la ville de Porto Novo)

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