MONDEPOLITIQUE

La Vie politique au Bénin : Les types d’oppositions depuis 1990

Le Bénin est un pays de l’Afrique de l’Ouest et a une superficie d’un peu plus de 114.000 km2. Son histoire politique a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Cependant depuis l’avènement du Renouveau Démocratique, héritage de la conférence nationale des forces vives de 1990, sa vie politique a changé et a enregistré de diverses oppositions à l’aune de différentes gouvernances qu’a connu ce pays depuis le lendemain de l’historique conférence nationale.

L’Opposition d’Albert TEVOEDJRE (1991-1996)

Au lendemain de la Conférence nationale, Albert Tévoedjrè est désigné comme membre du Haut Conseil de la République, l’organe législatif qui fit office d’Assemblée constituante pendant la transition. Il prend part avec son parti « Notre Cause Commune » (NCC) aux différentes consultations populaires qui jalonnent cette période: référendum constitutionnel (novembre 1990), premières législatives (février 1991) et Présidentielles (mars 1991). Les performances enregistrées sont dans l’ensemble assez honorables. En effet, avec six sièges à l’Assemblée nationale, le parti NCC s’affiche comme la première force politique du pays. De même, à l’issue du premier tour des élections présidentielles de 1991, Albert Tévoedjrè qui a fait de son projet de création de 20 000 emplois son principal cheval de bataille, recueille 14 % des suffrages et se classe 3e, tout juste derrière les deux responsables de l’exécutif du moment: le Premier Ministre Nicéphore Soglo (33 %) et le Président Mathieu Kérékou (26 %). Un tel score le positionne tout naturellement en arbitre d’un second tour qui voit la victoire de Nicéphore Soglo.

En bon démocrate, Mathieu Kérékou accepte de s’incliner devant le verdict des urnes. D’avril 1991 à mars 1996, Albert Tévoedjrè élu député à l’Assemblée nationale, préside la Commission des relations extérieures, de la Coopération au développement, de la Défense et de la Sécurité. En tant que chef de fil de l’opposition au gouvernement de Nicéphore Soglo, il apparaît comme l’un des principaux animateurs des grands débats qui agitent l’institution parlementaire. Avec une rare opiniâtreté, il s’illustre dans nombre de batailles épiques qui donnent toute la mesure de sa combativité et de sa perspicacité et qui révèle à la jeune génération élevée jusque là dans la culture du parti unique, un homme politique d’une dimension exceptionnelle. Ainsi, il se bat pour l’installation des institutions de la République (Cour constitutionnelle, Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, Haute Cour de justice, etc.). On le retrouve également dans la bataille parlementaire contre la privatisation de certaines entreprises publiques. Il en est de même du dossier relatif à l’augmentation des salaires des fonctionnaires après la dévaluation du franc CFA en 1994 et du bras de fer qui oppose le Gouvernement au Parlement à propos du vote du budget de l’État. Pourtant, aux législatives de mars 1995, le parti NCC connaît un net recul. Il n’a plus que trois députés à l’Assemblée nationale. Son audience auprès de la population est en chute libre, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Même à Porto-Novo, fief naturel de Tévoedjrè, NCC a du mal à résister au raz-de-marée de partis concurrents. Pour le commun des Béninois, Albert Tévoedjrè est perdu, fini, mort politiquement. Fidèle à ses convictions, Albert  Tévoedjrè entre alors dans une profonde réflexion.

Après avoir évalué objectivement ses chances réelles par rapport aux présidentielles de 1996 et ne voulant pas d’un second mandat pour Soglo qu’il a toujours combattu, il se résout, avec certains de ses amis politiques, à susciter la candidature du Général Mathieu Kérékou. C’est ainsi que le 4 novembre 1995, au terme d’un congrès extraordinaire et à la stupéfaction générale, le parti NCC invite officiellement Mathieu Kérékou à se présenter aux élections présidentielles de 1996. L’argumentaire est tout simple: pour Tévoedjrè et ses compagnons, Kérékou apparaît incontestablement comme le seul homme capable, en raison de sa longue expérience du pouvoir, de ses qualités indéniables de patriote et de rassembleur, de sauver le pays du désastre socio-économique et de la dérive autocratique et totalitaire dans lesquels s’apprête à le replonger Nicéphore Soglo qui ne cesse d’accumuler des impairs sur le plan politique. Incrédule, une bonne partie des électeurs a du mal à prendre au sérieux de telles déclarations dans un contexte où Nicéphore Soglo, crédité d’un bilan économique relativement flatteur, jouit d’une immense popularité. On crie à l’hérésie, c’est le tollé, le leader de NCC est littéralement voué aux gémonies.

Néanmoins, le mouvement est lancé et va faire, lentement mais sûrement, son petit bonhomme de chemin. On assiste même, dans les semaines et mois qui vont suivre, à un ralliement progressif de nombre de partis politiques à la cause d’un retour aux affaires de Mathieu Kérékou. Telle une prophétie, l’idée pour le moins saugrenue émise et soutenue par une poignée d’utopistes et de nostalgiques d’une époque révolue et peu glorieuse, déçus par Nicéphore Soglo, commence à prendre corps. Dans le dispositif de campagne de Kérékou qui se met en place au cours du premier trimestre 1996, Albert Tévoedjrè se voit confier le volet intellectuel: il est chargé de concevoir toute la réflexion stratégique devant conduire à la conquête du pouvoir. Très vite et sous sa direction, est publié le livre ¨Préparer le Bénin du futur¨ qui contient le programme de gouvernement du candidat Mathieu Kérékou. Toutes ces actions vont se révéler payantes à court terme puisque Mathieu Kérékou sort vainqueur des présidentielles de mars 1996. Cette victoire contre nature qui surprend plus d’un, donne encore une fois raison à Albert Tévoedjrè qui croit en la « nécessité du refus parfois brutal ». Dès la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle, Albert Tévoedjrè, l’homme des 20 000 emplois, organise un Colloque sur l’emploi. Quant au Général Mathieu Kérékou, il reprend le témoin des mains de Nicéphore Soglo le 4 avril 1996. Il appelle aussitôt Albert Tévoedjrè au poste stratégique et taillé sur mesure de ministre du Plan, de la Restructuration économique et de la Promotion de l’emploi. Devenu manifestement le numéro 2 du nouveau régime, l’ancien opposant et ancien Directeur général adjoint du BIT a désormais cinq ans pour convaincre ses compatriotes de la justesse des idées qu’il a toujours défendues, aussi bien à travers ses nombreux écrits qu’en sa qualité de chef de parti politique.

L’OPPOSITION d’Adrien HOUNGBEDJI (1996-2016)

Une fois l’Etat de droit et le multipartisme instaurés, Me Adrien Houngbédji crée, avec le concours d’autres Béninois partageant sa vision de l’Etat et de la gestion de la chose publique, l’un des premiers partis politiques de l’ère du renouveau démocratique: le Parti du Renouveau démocratique. C’est avec (et sous les couleurs de) ce parti que Me Adrien Houngbédji sollicite depuis 1991 le suffrage de ses compatriotes. L’homme tout restant  attaché aux principes de l’alliance politique, il ne manque pas de souligner la nécessité pour chaque allié de garder son identité. On se souvient encore, en 1996, des remous soulevés par l’idée de créer la Coalition des forces démocratiques (Cfd), coalition de partis, courants et mouvements politiques ayant permis au Général Mathieu Kérékou de gagner les élections. Me Houngbédji, acceptant d’aller dans ce creuset, a souhaité que son parti garde son identité, y compris sa vision de la gestion de la chose publique et du pouvoir d’Etat, tout en s’associant à toutes les concertations qui permettront de faire du quinquennat du Général une réussite. Cette position mal accueillie vaudra une avalanche d’adversités au parti, à ses militants ministres du gouvernement. Ces derniers, avec Me Hounbgbédji en tête, seront contraints à la démission le vendredi 8 mai 1998 suite à une réunion du bureau politique national élargi aux élus du parti, et ce après une analyse approfondie des résolutions issues de la conférence des cadres tenue à Bohicon le samedi 2 mai 1998. Le parti a décidé de mettre un terme à sa participation au gouvernement. Ceci en raison de « l’impossibilité pour le parti de continuer à s’impliquer dans l’action gouvernementale, du fait de son organisation, de son fonctionnement et de ses pratiques devenus incompatibles avec la réalisation des idéaux et du programme du parti ». Les coups bas et autres intrigues post électorales auront eu raison de celui  dont le ralliement a été très déterminant dans le retour du Général Mathieu Kérékou aux affaires.

L’opposant modéré

Après sa sortie du gouvernement, il entre dans l’opposition et, quelques mois plus tard, prend part aux présidentielles de mars 2001. On savait l’homme très respectueux de ses engagements, mais son esprit de sacrifice pour les alliés politiques est sans commune mesure. Et pour cause. Dans le cadre des présidentielles de mars 2001, et selon un protocole d’accord signé avec son principal partenaire Nicéphore Soglo, celui des deux leaders qui passerait le cap du premier tour sera automatiquement soutenu par l’autre. Nicéphore Soglo ayant réuni les conditions nécessaires pour aller au second tour s’était retiré à cause « des tricheries électorales ». Bien que l’accord ne prévoie pas ce cas de figure, le candidat Houngbédji, le 3ème qui devait entrer en compétition contre le Général Mathieu Kérékou, s’est désisté. Il a refusé de prendre la place de son allié politique pour aller au second tour, malgré les pressions venant de toutes parts. Dans sa déclaration de désistement, il précisait : « Classé au troisième rang de par ces élections, j’ai appelé à voter pour le candidat Nicéphore Soglo qui me précédait largement. Je l’ai fait pour être fidèle… De même, je l’ai fait pour respecter mes engagements ». Engagements qui faisaient obligation aux deux candidats de se désister réciproquement pour celui des deux qui serait le mieux placé par les suffrages exprimés. Dans un pays où l’opportunisme est la friandise de l’arène politique, peut-il faire mieux pour témoigner sa fidélité en amitié ? Dans la crise qui a opposé, vers fin 2001, Rosine Soglo à l’aile dissidente Nathaniel Bah au sujet de la paternité du sigle, de la dénomination et du logo de la Renaissance du Bénin, le parti de Me Adrien Houngbédji a choisi le camp de son allié. Celui du couple Soglo.

De 1996 à 1999

Dès leur accession au pouvoir en 1996, le premier réflexe des thuriféraires du régime de Kérékou 2 a été la tentative d’arrestation du président Nicéphore Dieudonné Soglo. Les ex –révolutionnaires ayant retrouvé le pouvoir étaient prêts à tous les excès. Dans leur plan machiavélique, le président Soglo fut convoqué au Tribunal de première instance de Cotonou pour détention de voitures administratives. N’eut été l’implication personnelle de Adrien Houngbédji alors Premier ministre du gouvernement, cette conspiration allait peut-etre aboutir. A vrai dire, les pires ennuis politiques de Me Adrien Houngbédji au sein du gouvernement de Kérékou auraient commencé à partir de cette affaire. C’était le début des ennuis politiques du personnage. Par la suite, il a démissionné du gouvernement du Général Mathieu Kérékou pour des questions de bonne gouvernance. Dans l’histoire politique du Bénin, sous le renouveau démocratique, outre la démission de feu Jean Florentin Fèliho du gouvernement de Nicéphore Soglo, c’était la première fois qu’un homme politique et trois de ses ministres démissionnaient de leur poste par conviction. Une belle leçon de démocratie qui a valu en son temps des inimitiés au leader des Tchoco-Tchoco. « On ne démissionne pas quand on est aux affaires », lui a-t-on reproché au point où dans l’optique de nuire à son image, les adversaires politiques du Prd ont dû le présenter aux populations comme celui qui démissionne souvent de tout. Quelle aberration à la béninoise ? En poursuivant la lecture de l’histoire politique de notre pays, on retiendra qu’en 1999, Me Adrien Houngbédji a été porté à nouveau au perchoir grâce au soutien de la Renaissance du Bénin.

Les origines de la contestation

Les origines de la contestation des résultats électoraux au Bénin étaient en gestation depuis 1996. Nicéphore Soglo en a fait les frais et plus de quinze ans après, certains acteurs de cette mascarade auraient reconnu qu’on a dû lui annuler des milliers de suffrages pour le faire partir. Au cours de la présidentielle de 2001, la même mascarade a été observée. Le président Nicéphore Soglo a dû renoncer à un second tour desdites élections pour ne pas cautionner selon lui le tripatouillage à cette époque. Il a été soutenu dans sa décision par Me Adrien Houngbédji. Au finish, on a dû assister à un match amical entre le Général Mathieu Kérékou et son ministre d’Etat le président Bruno Amoussou. En 2001, les populations béninoises se sont inspirées de l’exemple malgache pour organiser l’opération ville morte à Cotonou et des marches pacifiques. Mais ces initiatives ont été empêchées par le commandant Azinlo.

Le danger de 2006

Pourquoi Me Adrien Houngbédji s’est empressé de reconnaître la victoire de Boni Yayi, dès la proclamation des résultats de la présidentielle de 2006 ? Etait-il tenu de le faire, compte tenu du désastre selon certains acteurs qui a caractérisé ces élections ? Malgré la pression et les ballets incessants en son domicile par des révisionnistes bon teint devenus chantres du Changement, le leader du Prd a eu une fois encore pris ses responsabilités devant l’histoire en prenant à contre-pieds tous les ennemis de la démocratie. La suite, Boni Yayi devenu président de la République s’était rendu au domicile de son adversaire. Selon certains observateurs, tout était mis en œuvre pour une gouvernance concertée au vrai sens du terme entre Boni Yayi et Adrien Houngbédji. L’opposition politique devait avoir un statut afin de contribuer à l’enracinement de la démocratie et à l’Etat de droit.

Mais qu’est ce qui a été constaté par la suite ? Les mauvais génies et autres faux-experts ont profité de ‘’l’inexpérience politique ‘’ de Boni Yayi pour l’influencer négativement. Le chantre du Changement qui devait au nom de la gouvernance concertée avoir des entretiens avec son opposant n’aurait rien entrepris dans ce sens. Il a préféré suivre les griots et autres courtisans qui ne pensent qu’à leurs intérêts inavoués. Il s’en est suivi une rupture de dialogue entre acteurs politiques. En cinq années de pouvoir, le seul et vrai entretien entre le Boni Yayi et Adrien Houngbédji n’a duré que cinq minutes à la présidence de la République. Parmi ceux qui avaient accompagné Me Adrien Houngbédji à cette rencontre figurent l’honorable Tidjani Serpos, Joël Aïvo, ancien Directeur de cabinet et Moukaram Badarou, ancien Secrétaire Général du Prd

L’enlisement

La conséquence immédiate de cette rupture entre acteurs politiques a été le dialogue de sourds qui a caractérisé le processus de la Lépi (Liste électorale permanente informatisée). Un précieux outil de développement voulu par les acteurs politiques qui est devenu la source des graves menaces qui planent sur notre démocratie. Qu’est ce qui a empêché le régime du Changement d’accéder à la requête de l’opposition qui ne demandait qu’une Lépi consensuelle ? Pourquoi certains thuriféraires du Changement continuent d’utiliser les médias d’Etat pour affirmer que l’opposition avait empêché ses militants d’aller se faire enregistrer ? Ce qui n’était pas exact dans la mesure où il ne revenait pas aux citoyens d’aller chercher les agents recenseurs mais plutôt l’inverse. Les nombreuses irrégularités dénoncées par l’opposition au cours du processus de la Lépi sont confirmées par le fait que l’honorable Nassirou Bako Arifari n’a pu fournir la liste électorale dans les délais. Pire, des milliers de nos concitoyens ont été laissés en rade. Ceci serait alors l’origine de ce que certains ont qualifié de du hold-up électoral orchestrés en 2011. La Cour constitutionnelle ayant proclamé les résultats définitifs de l’élection présidentielle, il revient aux forces politiques de l’opposition et travers elles leurs militants le droit de les accepter et les rejeter à travers des manifestations pacifiques. C’est la règle dans toute démocratie.

Le flirt

A la suite des elections de 2011, le Prd et son leader Me Adrien Houngbédji ont opté pour un dialogue politique ouvert avec toute la classe politique. A ce titre, il s’est rendu à deux reprises à la Présidence de la République. Mais qu’est ce qui n’a pas été dit contre lui. Il était accusé à tort de rejoindre la majorité présidentielle. Pour confirmer cette thèse, les détracteurs du leader des Tchoco-Tchoco évoquent la présence des membres du gouvernement aux récentes universités de vacances du Prd etc. L’opposition politique n’exclut pas le dialogue entre acteurs politiques affirment sereinement les Tchoco-Tchoco. Mais lorsque le PRD a décliné l’offre de participer au récent gouvernement à travers un communiqué de presse, puis en brandissant quelques jours après un carton rouge au gouvernement par rapport à la gouvernance de Boni Yayi et son opposition à toute révision non consensuelle de la Constitution, Me Adrien Hougbédji est à nouveau applaudit et félicité par ces mêmes adversaires politiques. Quand il parlait de gouvernement ventilateur, il y a quelques années, les uns et les autres le livraient aux meutes. Lorsqu’il a déclaré que Boni Yayi était un président fantôme, les thuriféraires du Changement le condamnaient à travers un matraquage médiatique sans pareil.

L’OPPOSITION AU REGIME DE LA RUPTURE DEPUIS 2016

UNE OPPOSITION COALISEE : Yayi, Soglo et les autres

Depuis l’avènement du régime de la rupture, le gouvernement de Patrice TALON, s’est confronté à une coalition  de personnalités politiques dites de l’opposition. Cependant, Plusieurs partis, mouvements et associations politiques opposés au gouvernement du président Patrice Talon ont organisé un meeting à Cotonou au terme duquel ils ont promis de coopérer en vue de prochaines élections pour « défendre la démocratie en péril ». A l’appel de leurs leaders politiques, de l’ancien président Boni Yayi et de l’homme d’affaires devenu opposant, Sébastien Ajavon, tous deux absents, près de 800 personnes, selon les organisateurs, un nombre relativement important pour ce type d’initiative, ont participé au rassemblement. « Nous, forces politiques de l’opposition, sommes déterminées à nous battre pour la restauration de notre démocratie en péril », a déclaré leur porte-parole, le député Basile Ahossi, membre du parti l’Union sociale libérale de M. Ajavon qui vit en exil. Dans une déclaration, ces acteurs politiques disent exiger du pouvoir « l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires ciblées, la libération immédiate des prisonniers politiques et d’opinion, l’abrogation des lois portant code électoral et charte des partis politiques, la délivrance des récépissés aux partis politiques constitués, le retour des exilés avec garantie de sécurité et possibilité de participer à la vie politique ».

Pour eux, le président Talon, au pouvoir depuis avril 2016, doit aussi procéder à une « relecture du code pénal et l’abrogation de la loi portant création de la Criet », la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, une cour spéciale qui ne permet pas de faire appel. L’ancienne première dame du Bénin, Rosine Soglo, doyenne d’âge du Parlement, a adressé un message de soutien aux militants de l’opposition, de même que l’ancien président de la République Boni Yayi et de M. Ajavon. Ce dernier a été condamné par contumace à 20 ans de prison par la Criet pour une affaire de trafic de cocaïne et un mandat international a été lancé contre lui. La manifestation a abouti à la mise sur pied d’un regroupement baptisé Coalition pour la défense de la démocratie. « Notre État de droit n’existe plus. Les lois ne sont plus respectées, les décisions de justice sont bafouées, les droits élémentaires de l’homme foulés aux pieds », a déploré un des responsables de la nouvelle organisation, Adolphe Kouthon. Selon Ajavon, « ce creuset est le cadre de combat de tous ceux qui sont en désaccord avec la gestion » du pouvoir.

Les députés de la minorité parlementaire, d’anciens ministres de la République ainsi que de nombreuses personnalités opposées au président Talon ont également pris part à ce meeting au cours duquel ils ont affiché leur intention de coopérer au cours des prochaines élections. Les opposants envisagent de former liste unique pour les législatives de 2019. La prochaine présidentielle est prévue en 2021.

En cas de non-satisfaction de ces exigences, le peuple béninois sera invité à prendre ses responsabilités, affirme la coalition. Les mesures proposées par la coalition de l’opposition sont assorties d’une menace à peine voilée : « En cas de non-satisfaction de ces exigences, le peuple béninois, maître unique de sa souveraineté, sera invité à prendre ses responsabilités, conformément à la Constitution ». Une allusion à l’article 66 de la Constitution du Bénin, dont cet extrait est de plus en plus cité à Cotonou : « (…) pour tout Béninois, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs ».

L’opposition et le scrutin du 28 avril 2019

L’opposition se voit écarter du jeu électoral, tout simplement à cause de la non-conformité aux dispositions du nouveau code électoral et celles de la charte des partis politiques. Et depuis l’avènement du nouveau code électoral, le peuple a donc assisté aux remous des différents acteurs et partis politiques, qui par la suite cèdent place aux remous sociaux qui ont déstabilisé la couche sociale et perturbé fortement le scrutin du 28 avril 2019, avec une abstention massive et un taux de participation de 27,12%. L’opposition s’acharne et voit sa force, sa liberté et son appartenance à la vie politique embrigadées.

Mardochée Delarue (Stag.)

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