SOCIETE

Édifiant hommage du professeur TOMETY au président Hubert MAGA, à lire absolument

Le président Hubert Maga, lui-même a parlé à Simon-Narcisse Tomety le 27 juillet 1997

Privilèges de 3h30 d’entretien en tête à tête au siège de l’actuelle Cour constitutionnelle dans le cadre de ses travaux de recherche doctorale sur l’efficacité de l’aide. Nous étions en avance de 5 ans sur la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et de 14 ans sur la déclaration de Busan sur l’efficacité du développement. Ses travaux de recherche à l’époque avaient trait à une analyse d’économie politique des conditions rurales et les limites des projets de développement. C’est son interrogation sur le sens à donner à l’indépendance du Bénin qui a suscité cette rencontre avec le Président Maga.

Mais avant, à propos de la même préoccupation, il a rencontré en juin 1994, un académicien de 92 ans, l’un des tout derniers survivants du cercle des Gouverneurs avec qui, il a passé une belle matinée à débattre des relations économiques entre la France métropolitaine et les colonies. Ce Gouverneur a représenté la France métropolitaine au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo (Le président Soglo et son feu Père en ont un souvenir), pour toute l’Afrique centrale pendant quelques mois. Il parle ici du Gouverneur, docteur Élysée Péchoux. Paix à son âme!

Hommage au 1er Président de ce Pays que je garde en éclat dans ma passion intellectuelle. Il fallait le rencontrer, il m’en a donné l’occasion. Les hommes simples sont souvent grands de coeur. J’ai été heureux que Hubert Maga me parle de son rêve économique pour le Bénin et comment Houphouët Boigny l’a inspiré pour le développement agricole et rural. Son rêve fut brisé le 28 octobre 1963, ce jour-là, j’étais aussi dans la rue, les branchages en main, pour la chute du premier président du Dahomey. Ce rêve est resté brisé à ce jour, avec une fracture sociale de paupérisation continue, faute d’identité culturelle à faire prévaloir.

Aucun paysan béninois n’a émergé en 40 ans dans le bassin cotonnier comme un agriculteur fortuné pouvant inspirer la jeunesse béninoise et comme une réussite sociale implacable.
L’agriculture ne ment jamais dit-on! C’est un discours d’une pure mystification qui mérite d’être abandonné.

Exploitez moins les paysans, ils sont pillés de toute part et c’est encore eux qui donnent tout le pouvoir aux politiciens et hommes d’affaires pour les gruger.

Je suis à la recherche du paysan fortuné du Bénin depuis 40 ans pour le célébrer à ma manière. On organise des fêtes d’excellence pour honorer les paysans performants, j’en ris. Ils parlent plutôt de PAYSANS DOCILES et non affranchis. Cultures de rente et à qui profite la rente. Que d’hypocrisie! Plus j’en parle, plus tout ceci m’énerve et m’ennuie. Je me souviens de cet accompagnement que nous avions donné aux organisations paysannes du Bénin et du Togo au prix d’un militantisme africaniste pour élaborer la contribution paysanne à la formulation de la politique agricole de l’UEMOA. Tout ça pour ça!

Nous sommes extraordinairement extravertis et extraits de nos réalités pour les réalités des autres.

Quand on me parle des Indépendances, c’est d’abord des symboles de rupture culturelle qu’il s’agit car le fondement de la politique et de l’économie, c’est la culture et non un défilé militaire. Et la culture est un système civilisationnel intégré basé sur trois déterminants : l’histoire des peuples pour cultiver la mémoire, l’éducation nationale pour l’émancipation des peuples et la modélisation du développement. Je ne donnerai pas dans le folklorisme institutionnel parce que les vrais témoins d’une certaine époque m’ont appris ce qu’est la citoyenneté de développement.

Chachacha! On le rechantera, on le dansera à la LIBÉRATION du Peuple indépendant non affranchi et non émancipé 59 ans après.

L’indépendance n’est pas qu’un acte administratif symbolique, c’est d’abord un moment politique et un parcours culturel. Ensuite commence le processus de patriotisme économique renforcé par une défense nationale qui fonctionne comme un bouclier du territoire, du Peuple, des institutions et des biens communs. Je ne sais toujours pas ce qu’ils ont célébré le 1er août. Que de rêves et de rendez-vous brisés.

Simon-Narcisse Tomety

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