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Commémoration des 25 ans de rappel à Dieu de Mgr Isidore de Souza : La contribution de Célestine Zanou

À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de rappel à Dieu de Monseigneur Isidore de Souza, l’ancienne Directrice de Cabinet du Président de la République a fait une utile contribution pour honorer la mémoire de l’illustre disparu. Bénin Espoir publie ici l’intégralité de cette contribution. Lisez plutôt :

EGLISE CATHOLIQUE ET LES 25 ANS DE RAPPEL A DIEU DE Mgr ISIDORE de SOUZA

Mgr ISIDORE de SOUZA : MÉMOIRE ET REPERE

Par CELESTINE ZANOU
GEOGRAPHE AGRO-ECONOMISTE

Convictions Book CZ Officiel
Cotonou le 13 Mars 2024

Introduction

Se souvenir c’est faire mémoire et quand l’acte concerne une personnalité qui fait partie de l’histoire de notre pays, son caractère revêt une importance capitale. L’église fait mémoire afin que le peuple béninois dans son entièreté n’oublie jamais.

Mgr Isidore de SOUZA : mémoire et repère est le thème que j’ai l’honneur de partager avec vous en ce jour souvenir pour l’église et le Bénin.

I. MGR ISIDORE DE SOUZA : UN PRELAT AU DESTIN POLITIQUE

La marche politique du Bénin a connu à ce jour deux faits majeurs : l’indépendance en 1960 et la Conférence Nationale en 1990.

Si le premier fait qu’est l’indépendance de 1960 a consacré la libération du pays du joug colonial, le second aura permis au peuple béninois de se libérer de la tragique violence que nous nous faisions sur nous-mêmes. C’est un fait majeur qui a changé le cours de l’histoire de notre pays. Eboussi Boulaga dans son livre : Les conférences nationales en Afrique Noire, une affaire à suivre paru aux éditions Kartala le qualifie de fait unique puisqu’il n’a pu être dupliqué ailleurs. Moment historique à la fois émouvants et angoissants, ce fait qu’a connu notre pays a su s’éclore tel un œuf qui s’ouvre de l’intérieur pour nous donner le meilleur qui porte ce peuple depuis 1990. Cette éclosion fut l’œuvre de mains apparemment prédestinées et destinées à l’acte du fait de leur charisme. Au nombre de ces mains au sommet, figurent celles d’un Homme d’église dont le parcours ne pouvait laisser espérer pareil détour. Mais ne dit-on pas que les voies de Dieu sont insondables ? Ainsi le destin du prélat a croisé celui de sa terre natale à un moment crucial de l’histoire du peuple béninois. Si Mgr Isidore de SOUZA n’avait pas existé à l’époque de la conférence nationale, le Bénin l’aurait inventé tant l’homme a su bien faire qu’il est indéniable qu’il était l’envoyé de Dieu pour sauver ce pays et le testament qu’il a su laisser à ce peuple en est une illustration parfaite.

II. MGR ISIDORE DE SOUZA : L’HOMME DES TROIS PIERRES DE LA CONFERENCE NATIONALE DE 1990

L’histoire nourrit la mémoire et c’est la raison pour laquelle il convient de rappeler les faits historiques afin de savoir pourquoi il sied de faire mémoire.

A. Mgr de SOUZA la pierre d’angle du consensus national : Si la pierre d’angle au sens propre est celle qui tient tout ensemble, la pièce essentielle et au sens figuré la force qui met ensemble et à laquelle tout tient, Mgr de SOUZA l’aura été pour la conférence nationale de 1990 et pour le Bénin entier et ce jusqu’à son départ de ce monde des Hommes. La preuve de mon affirmation, c’est la motion de remerciement des participants lue à la fin des travaux et sa présence constante mais discrète dans l’arène politique. citation : « Les participants à la conférence nationale des forces vives de la Nation remercient son Excellence Mgr Isidore de Souza d’avoir aidé les uns et les autres à se convaincre que la conférence devait réussir et donner un esprit nouveau au Bénin et à son peuple ; félicitent son Excellence Mgr Isidore de Souza qui a accepté de demeurer à la disposition de la nation au sein du Haut Conseil de la République et d’une manière générale , à l’occasion de tout ce qui viendrait à être entrepris pour faciliter l’application des mesures et décisions arrêtées par la conférence »

B. Mgr de SOUZA la pierre de touche : la pierre de touche est par définition celle qui représente un test pour vérifier ou mesurer la valeur de quelque chose. Après 34 ans de marche démocratique, le processus mérite mesure et évaluation, de ses succès, ses échecs, ses réajustements possibles, ses travers dans les discours. Dans ce cas, je n’ai trouvé que le prélat qui a tracé le chemin, légué des éléments de mesure sans parler de ce qu’il est lui-même l’aune de mesure par excellence de notre expérience démocratique :

1. Le chemin de la non violence et de la concorde est tracé par lui. Citations : « Plaise au ciel qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots ». « Alors mes amis, merci pour votre détermination à éviter toute violence, merci pour votre détermination à exclure de notre conduite tout esprit de vengeance, tout esprit de règlement de comptes ; nous devons la main dans la main bâtir ce pays »

2. Le sens du dialogue nous a été donné par lui : …où avons-nous jamais vu que dans une même salle se trouvent rassemblés le conseil exécutif national au complet, les membres de l’ANR, les forces armées, les représentants du pouvoir, les représentants du service administratif qui s’asseyent pour travailler à un changement progressif et en douceur d’un régime à un autre ; je crois que c’est la première fois que cela arrive dans l’histoire de l’Afrique. Cela vaut la peine d’être relevé et d’en remercier Dieu »

3. Le respect de la Constitution a reçu le regard du prélat « Trêve donc à toute inconséquence qui nous conduirait à ignorer et même à contester la Constitution, fut elle tordue, sur laquelle repose notre Nation. Respectons- nous en respectant la Constitution pour que notre pays soit respecté.

4. L’impartialité du juge constitutionnel n’a pas été occultée avec l’exemple du français, le Professeur Robert Badinter (décédé le 9 février dernier) qui, alors président du Conseil Constitutionnel sous François Mitterrand, invitait ses pairs membres du Conseil, à marquer leur ingratitude vis-à-vis de ceux qui les ont nommés.

5. L’unité national, la jeunesse et le principe de laïcité de la République, la tolérance religieuse, le sens du sacrifice et du pardon qui conduit à la résurrection, le refus de raccourcis sont autant de chemins tracés à travers des propos qui restent à ce jour la mesure de notre engagement, de notre attachement et de notre fidélité à notre jeune démocratie.

C. Mgr de SOUZA la pierre philosophale : Ici j’ai invité l’alchimie dans ma réflexion pour décrire Mgr de Souza comme cette semence ou encore cette pierre qui, projetée sur le minéral en ébullition qu’est la Conférence Nationale, a su le féconder pour le faire émerger et le transformer en or, cet or, notre démocratie, qui fait notre fierté et auquel les béninois tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.

III. MGR DE SOUZA : HUMANISTE DANS LA FOI, MEMOIRE ET REPERE POUR LE BENIN

De la conférence nationale, le Père Rodrigue Gbédjinou dira dans son livre Sauvons l’esprit de la Conférence Nationale parue aux éditions IDS je cite « Que mémoire en soit gardée »

Garder mémoire de la Conférence Nationale des forces vives de la Nation de 1990, c’est directement et explicitement garder mémoire des mains qui l’ont rendue possible. Mais aujourd’hui il est question d’un Homme qui doit définitivement intégrer notre mémoire individuelle et collective. Pourquoi ?

• Parce que c’est un Homme dont le parcours professionnel était loin de le destiner à une mission pareille

• Parce que c’est un Homme dont l’action à un temps T a changé le destin de tout un peuple qui continue de s’accrocher comme à une bouée au résultat de cette action.

• Parce que c’est un Homme qui a tracé, par ses citations empreintes de force, le chemin de l’action politique pour un Bénin prospère et pacifique car le développement se nourrit de paix et de prospérité.

• Parce que c’est un Homme dont l’engagement citoyen restera à jamais un exemple puisqu’il a secondé et encadré les politiques au sommet sans jamais chercher à prendre leur place même si des intentions lui furent prêtées.

• Parce que c’est un Homme qui a su exercer l’autorité dans le sens du service.

En résumé, Mgr Isidore de Souza par ces empreintes indélébiles laisse au Bénin et à l’Afrique une pensée politique, celle-là qui nous place en permanence dans un contexte d’interrogations du passé pour ne jamais passer dans l’oubli ce qui fut, du présent par la conduite des affaires publiques et du futur pour savoir nous projeter et nous prémunir de tout dérapage préjudiciable à la paix et au vivre-ensemble. Au-delà, il a fait montre d’une approche de gestion des hommes et des situations qui lui donne les traits d’un humaniste, d’un humaniste dans la foi écrivais-je dans CONVICTIONS. C’est en cela que le prélat devient inévitablement et à notre corps défendant un repère ayant, à l’image d’autres hommes de l’histoire, forgé une pensée qui mérite étude et adoption pour l’épanouissement de notre peuple et de ceux d’Afrique ; mémoire et repère du Bénin il l’est, ce jeune prêtre consacré évêque le 8 décembre 1981 et qui mourut prêtre il y a 25ans comme il n’a de cesse de le souhaiter malgré le détour citoyen qui marqua à jamais le Bénin.

Mon plaidoyer : Ma conclusion sera aux allures de plaidoyer.

Un peuple se nourrit de sa mémoire qui, elle-même se nourrit de l’histoire. C’est ce manque qui fait de nos peuples des amnésiques, un comportement incompatible avec le développement qui suppose un bon choix des dirigeants à qui est confié le destin du peuple. Un peuple qui ne sait pas faire mémoire est condamné à subir les mêmes errances du passé, reproduire les mêmes erreurs et végéter dans un éternel recommencement car il passe continuellement à côté des bons choix. Il nous faut donc une culture de la mémoire.

Mgr Isidore de Souza est un Homme neutre dont la promotion ne gênerait personne. C’est une personnalité fédératrice qui disait la vérité, une preuve que la vérité rassemble. C’est un humaniste.

Homme neutre, Homme de vérité, Homme rassembleur, Homme mémoire, Homme repère : voilà de bonnes raisons de le mettre dans une dynamique d’actions pour l’immortaliser en conceptualisant sa pensée pour l’enseigner aux générations montantes dans nos écoles et universités. Pour ce faire, l’État et l’Église doivent travailler pour maintenir cette dynamique et pour cela il y a de la matière tant dans les citations célèbres du prélat que dans ses homélies.

Pour l’église, les célébrations annuelles de l’anniversaire de décès du prélat doivent céder la place à de véritables mises en lumière de sa vie et de sa pensée autour de thèmes révélateurs de l’homme et inspirants et formateurs du peuple. L’état quant à lui a le devoir de rassembler des intellectuels dans une dynamique scientifique d’appréciation de la pensée de Mgr de SOUZA afin d’enclencher sa vulgarisation et son enseignement à divers niveaux. Tout pays a besoin de repère ; à défaut d’avoir comme repère un homme politique comme c’est souvent le cas dans d’autres pays africains et non africains, le Bénin a la chance d’avoir cet Homme qui a su rassembler les Béninois à un moment donné de leur histoire, un fait historique qui doit, au-delà des commémorations habituelles rentrer dans la mémoire collective du peuple. L’esprit de la Conférence Nationale doit être sauvegardée et préservée pour nous et pour la postérité. C’est notre histoire. Retrouver la mémoire c’est retrouver son identité dit-on, et c’est aussi renaitre. Faire mémoire de Mgr Isidore de Souza c’est faire devoir et la renaissance du Bénin serait à ce prix.

Je vous remercie

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