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Visite du chef de l’Etat Béninois au Brésil: L’aide non, coopération oui (Je ne suis pas venu demander de l’aide mais pour la coopération)

Le Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a reçu son homologue Béninois Patrice Talon, le 23 mai 2024 à Brasilia.
Le Président Patrice Talon a été jeudi 23 mai 2024 le premier Président africain reçu au Brésil depuis le retour au pouvoir du Président Lula, qui veut resserrer les « liens » avec l’Afrique, noués dans la « souffrance » à l’époque de l’esclavage.
« Nos liens se sont forgés à partir de la souffrance, mais ils nous permettent aujourd’hui de raccourcir la distance entre les deux rives du fleuve appelé Atlantique », a lancé le chef d’Etat brésilien lors d’un déjeuner offert à son hôte à Brasilia.
« Mon pays est désormais prêt pour relever le défi avec vous, pour relever avec le Brésil dans toute sa grandeur, sa diversité et sa puissance, le défi d’une coopération (…) efficace et durable au service du développement partagé », a dit Patrice Talon.
Après Brasilia, le chef de l’Etat Beninois s’est rendu vendredi 24 mai 2024 à Salvador, dans l’Etat de Bahia (nord-est), qui fut l’un des points d’arrivée majeurs des esclaves africains déportés et est aujourd’hui le foyer vibrant de la culture afro-brésilienne.
Avant d’achever sa visite le dimanche 26 mai 2024, il s’est aussi rendu à Sao Luis (nord-est) pour visiter le Temple vaudou « Casa das Minas ». Selon la tradition, ce Temple a été créé par la mère du Roi Ghézo, qui régnait sur un territoire du Bénin actuel, après avoir été déportée comme esclave au Brésil au XIXe siècle.
Dernier pays d’Amérique à avoir aboli l’esclavage, en 1888, le Brésil, ancienne colonie portugaise, compte la plus grande population noire hors du continent africain.
Le Président Lula a exprimé la volonté de collaborer avec le Bénin dans le domaine du « tourisme mémoriel » lié à l’histoire de l’esclavage.
Le Président Patrice Talon, lui, a défendu un projet de loi en discussion dans son pays qui accorderait la nationalité Béninoise aux afrodescendants. « Tous les Brésiliens afrodescendants sont Béninois », a-t-il lancé.
Le Président brésilien a enfin proposé l' »appui logistique » de son pays à la mission internationale soutenue par l’ONU en Haïti, qui intégrera le Bénin et doit déployer prochainement des milliers de policiers pour lutter contre la violence des gangs.
Les gouvernements du Brésil et du Bénin ont signé jeudi des accords de coopération dans le tourisme, la culture, la diplomatie et la transport aérien.
Il faut rappeler que depuis son retour au pouvoir en janvier 2023, le Président Lula a relancé les relations avec le continent africain, qui avaient été une priorité diplomatique de ses deux premiers mandats (2003-2010), mais que son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) avait délaissées.
Depuis l’an dernier, il a effectué trois voyages en Afrique, avec des visites en Egypte, en Ethiopie, en Afrique du Sud et dans les ex-colonies portugaises d’Angola, de Sao Tomé-et-Principe et du Cap-Vert.

A l’accueil du Président Patrice Talon, Président de la République du Bénin, à Salvador de Bahia, il n’y avait pas que des autorités politiques. Il y avait surtout beaucoup de têtes couronnées et de chefs de religions endogènes. Des religions qui ne sont rien d’autres que celles emportées par les aïeux du Bénin lors de la traite négrière. C’était donc le signe palpable que le Bénin et Bahia sont un même peuple puisque ayant la même histoire. Le chef de l’Etat était donc très enthousiaste en visitant cette cité au cours de son séjour au Brésil. “Je suis ému parce que ici à Salvador, je me sens comme chez moi. Nous avons un lien historique entre Bahia et le Bénin. Pour moi, Bahia, c’est un peu le Bénin”, a déclaré Patrice Talon devant un parterre d’autorités brésiliennes. Fort de cette conviction, il ne pouvait qu’être submergé d’émotions. Mais le Président Patrice Talon a aussi exprimé une certaine frustration. “ Je suis ému mais aussi frustré parce que pour deux communautés, deux régions du monde, deux peuples qui sont si proches par l’histoire, c’est dommage qu’on ne se connaisse pas assez. C’est seulement à travers les écrits, les documents, l’histoire qu’on se connait. Mais les contacts humains n’existent presque pas. Bahia ne connait pas le Bénin. C’est dommage”, a indiqué le Président Patrice Talon. Sauf que tout n’est pas encore perdu. Il y a encore une possibilité de restaurer les liens entre les deux peuples pour une meilleure connaissance mutuelle. “Il n’est jamais tard pour réparer et pour faire les bonnes choses. Ma visite ici à Bahia est destinée un peu à faire cette réparation”, confesse-t-il avant d’étaler les atouts économiques du Bénin et la prédisposition de son pays à oeuvrer pour des relations fortes entre les deux peuples. “On peut faire des affaires au Bénin. On peut faire des investissements au Bénin. On peut échanger avec le Bénin. Pour faciliter les choses et permettre que les Brésiliens découvrent le Bénin et que les Béninois découvrent le Brésil, et viennent sentir ici que cette terre est également la leur, nous allons travailler à mettre en place une liaison aérienne, voire une ligne directe entre Cotonou et Salvador”, a annoncé le Président Patrice Talon sous les applaudissements de ses interlocuteurs.
Les Brésiliens et tous les Afro-descendants sont désormais officiellement informés de la bonne nouvelle qui leur venait du Bénin, la terre de leurs aieux. Et c’est Patrice Talon, Président de la République en personne qui s’en est chargé, lors de son audience avec Luiz Inacio Lula da Silva, Président de la République fédérative du Brésil, le jeudi 23 mai au Planalto, le palais présidentiel du Brésil à Brasilia. « Désormais, monsieur le Président vous serez Béninois ! », a lancé le chef d’Etat Béninois à son homologue. Il venait à peine d’annoncer au grand public la décision de son pays d’offrir la nationalité Béninoise aux Afro-descendants. « Le Bénin est un peu le Brésil, le Brésil est un peu le Bénin », a-t-il insisté tout en rappelant que les Brésiliens ont des origines dahoméennes puisque les ancêtres y ont été déportés à la faveur de la traite négrière.
Bien sûr que cette information a été favorablement accueillie par les potentiels bénéficiaires qui n’ont pas manqué d’ovationner le porteur de la bonne nouvelle. Désormais, estiment-ils, ils ne seront plus étrangers au Bénin, leur pays d’origine.
Selon le projet de loi introduit par le gouvernement Béninois à l’Assemblée nationale pour l’octroi de nationalité aux Afro-descendants, est Afro-descendant « toute personne qui, d’après sa généalogie, a un ascendant africain subsaharien déporté hors du continent africain dans le cadre de la traite des Noirs». Mais la nationalité ne sera pas distribuée comme des bombons. A en croire le projet de loi, « la preuve de l’Afro-descendance est fournie par le demandeur au moyen de toute documentation d’état civil ou officielle, de tous témoignages constatés par acte authentique, d’un test ADN réalisé par une structure agréée au Bénin ou par tout autre moyen technique ou scientifique ».
La nationalité acquise confère à son détenteur tous les droits et obligations attachés à la nationalité Béninoise, mais elle l’excepte cependant des droits politiques et de l’accès à la fonction publique béninoise.
Le Président Patrice Talon a profité de ce voyage pour réaffirmer ses convictions au sujet de la faiblesse de l’Afrique face aux autres continents du monde. Comme au Martinique, le chef de l’État Béninois a affirmé que « l’Afrique est faible par sa faute d’aujourd’hui. C’est trop facile de prétexter de lexclavage , de la colonisation ou du néocolonialisme pour justifier la faiblesse de l’Afrique. Nous devons rentrer dans la compétition. Nous ne devons pas continuer par nous enchaîner dans le passé. Le monde a été toujours un monde de compétition et de domination. Les communautés dominées par le passé peuvent devenir des dominateurs après ». Il renchérit « On ne peut passer tous le temps à pleurer sur les douleurs du passé ». Il poursuit : « Notre histoire est commune, a-t-il dit, mais je ne suis pas venu pour remuer le couteau dans une plaie qu’il convient plutôt d’œuvrer à cicatriser. Les polémiques les plus légitimes, les rancœurs les plus légitimes ne doivent pas nous enchaîner au passé, car elles sont des facteurs de sous-développement. ». Pour Patrice Talon, il faut tourner cette douloureuse page et se mettre au travail.

Mick de BADAR

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