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Vie des communes : Zoom sur les atouts de la ville de Porto-Novo

Porto-Novo, capitale politique du Bénin, ville calme, ville de charme, détient en son sein une belle histoire depuis son origine jusqu’à sa modernisation.

Essayons de faire un clin d’œil pour mieux appréhender les atouts de cette ville pleine d’histoire.

Situé au sud du Bénin à 30 km de Cotonou, la ville de Porto-Novo est localisée entre 6°30 de latitude nord et 3°30 de longitude Est. Elle est limitée :

  • au Nord par les communes d’Akpro-Missérété, d’Avrankou et d’Adjarra ;
  • au Sud par la commune de Sèmè-Podji ;
  • à l’Est par la commune d’Adjarra ;
  • à l’Ouest par la commune des Aguégués.

Nommée ville créative par l’UNESCO, la capitale du Bénin bénéficie de cet honneur à cause de la créativité de sa population dans les domaines comme l’artisanat et les arts populaires, le film, la gastronomie, les arts numériques, la littérature, la musique et enfin, le design.

La ville de Porto-Novo n’est pas la seule métropole à intégrer nouvellement ce réseau, il y en a 63 autres au plan mondial dont 08 qui sont des villes  africaines.

Pour M Bocova, membre de l’UNESCO, « ces nouvelles désignations témoignent d’une plus grande diversité dans les typologies des villes et d’un meilleur équilibre géographique, avec 19 villes de pays jusqu’alors non-représentés dans le Réseau ».

Notons qu’avec l’adhésion de ces nouvelles métropoles au réseau, ce dernier compte désormais 180 villes provenant de 72 pays du monde. Elles ont toutes pour mission de développer et d’échanger des bonnes pratiques innovantes pour promouvoir les industries créatives et intégrer la culture dans leurs politiques de développement urbain durable. Ils doivent montrer que la culture peut être un levier pour construire des villes durables.

Historique de la ville de Porto-Novo

Selon la tradition orale, les origines de Porto-Novo remonte vers la fin du 17è siècle autour du mythe des trois chasseurs yoruba venus du Nigéria pour créer le 1er quartier : « Accron ». Les dissidents « adja » de la région Ouest-Allada ont suivi au 18è siècle les yoruba avec l’installation de Tê-Agbanlin créant ainsi le palais royal «Honmè ». A partir du 18è siècle, les explorateurs portugais, hollandais, anglais, et français avaient organisé ce commerce lucratif qui a conduit à la colonisation et à la traite des esclaves nègres. Ainsi naquit la cité qui s’est progressivement organisée dans le temps pour devenir « Hogbonou » pour les adja, « Adjatchê » pour les yoruba mais aussi « Porto-Novo » pour les explorateurs et les colonisateurs en 1742.

A la fin de la traite des esclaves, un autre commerce, celui des produits agricoles et manufacturés prit la relève et se développa. Le premier traité de protectorat avec les français a été signé en 1863 sous le règne du roi Sôdji, suite aux velléités de conquête de la ville par les Anglais en 1861. Le deuxième protectorat établi le 14 avril 1882 sous le règne du roi Toffa 1er  marque la présence de l’installation de l’administration coloniale française. La Colonie du Dahomey est créée et Porto-Novo en est la capitale par décret du 22 juin 1894.

Porto-Novo a gardé, malgré les aléas de l’histoire et l’ascension de la ville de Cotonou, son statut de « Capitale du Bénin ». La ville a été cependant dépouillée de ses attributs de capitale vers les années 60 et 70 avec le transfert de la Présidence et des Ministères à Cotonou. Avec l’avènement du Renouveau Démocratique en 1990, le statut de capitale du Bénin a été confirmé à nouveau et la ville connaît un nouvel essor avec la mise en œuvre d’un programme spécial de réhabilitation dont le principal objectif est de lui redonner ses attributs de Capitale du Bénin.

ATOUTS ECONOMIQUES ET TOURISTIQUES

L’économie locale de Porto-Novo repose essentiellement sur le secteur informel. Le secteur formel n’est pas développé. Cette situation est favorisée par la perméabilité des frontières Bénino-Nigériane. On ne note pas une spécialisation de la ville dans une activité économique précise. Cependant, Porto-Novo demeure la métropole des grands commerçants béninois aux chiffres d’affaires relativement importants.

Agriculture

Avec les nouveaux découpages administratifs subséquents à la décentralisation, Porto-Novo rural n’existe plus. Les activités de production végétale à Porto-Novo présentent de plus en plus les caractéristiques d’une agriculture urbaine qui a besoin d’un accompagnement technique conséquent en vue de son développement.

En effet, la production agricole à Porto-Novo est réduite : au maraîchage et à la pisciculture dans les zones lagunaires ou dans les basfonds, aux cultures de case pratiquées dans les ouvertures de voies non aménagées et sur des parcelles non bâties, à la production animale et aux activités de transformation.

 Elevage

L’élevage joue également un rôle important dans la vie socio-économique de la municipalité de Porto-Novo. Il est pratiqué par beaucoup de ménages.

Le mode d’élevage souvent pratiqué est la divagation. Parfois, quelques animaux sont en claustration. Les éleveurs individuels sont très nombreux et font l’élevage dans les concessions sans soins. Généralement il s’agit d’un élevage traditionnel en divagation qui constitue un mode d’épargne pour la plupart des pratiquants individuels. Les statistiques sur l’élevage mentionnent l’existence d’une vingtaine d’éleveurs professionnels qui pratiquent un élevage intensif en enclos.

Tourisme et hôtellerie

Les secteurs de tourisme et d’hôtellerie sont des secteurs importants et en expansion à Porto-Novo.

En matière d’infrastructures hôtelières, la ville de Porto-Novo dispose de quelques hôtels. Entre autres, on peut citer : Dona, la Capitale, Ayélawadjè, Beaurivage, Freedom Palace, les Ambassadeurs, le Président, le Palais, etc.

Par ailleurs, on constate une prolifération dans tous les arrondissements. Des constructions de nouvelles structures d’hébergement de toutes catégories : mini-hôtels, auberges, motels, maquis, bars restaurants, etc. au point où leur contrôle par les services compétents n’est pas assuré. Il en est de même des buvettes et débits de boisson.

Ce secteur souffre de la faible importance qu’on lui accorde. En effet, par rapport aux multiples problèmes de développement que vit la population, le secteur tourisme et hôtellerie n’est pas encore ressenti comme une priorité. Ce qui explique le fait que plusieurs sites touristiques et historiques restent non aménagés encore invisibles par tous ceux qui visitent Porto-Novo. Ceux qui sont aménagés sont très peu ou pas valorisés causant ainsi des manques à gagner pour la commune et la population.

On peut noter cependant une prise de conscience des potentialités touristiques de la ville par les autorités municipales. En atteste l’inscription des projets d’aménagement d’un espace touristique dans le plan directeur d’urbanisme et d’aménagement. Au-delà des activités culturelles comme le carnaval et autres, une vrai politique du développement du tourisme et de l’hôtellerie est à mettre en place.

Culture et artisanat

Le patrimoine culturel de la ville de Porto-Novo est riche et diversifié. Il est caractérisé par :

– Cinq (5) palais royaux. Il s’agit de : palais Honmè, palais Toffa 1er, palais du Roi de Porto-Novo (Roi Kpotozounmè), palais du Roi Onikoi, palais d’initiation des rois.

– Plusieurs temples et lieux de cultes basés sur les valeurs traditionnelles.

– Plusieurs lieux de cultes issus des croyances importées et constitués par une dizaine de grandes églises, au moins 25 mosquées centrales et les quatre (4) places Idi.

– Trois (3) musées ou centres d’information culturelle. Il s’agit des musées ethnographiques, Honmè et da-Silva.

– Plusieurs groupes folkloriques traditionnels tels que « Adjogan », « Bourian », « Ayinla », etc.

– Une dizaine de sites et infrastructures culturelles tels que le temple du monstre à neuf têtes, la place Bayol, la place Olory Togbé, le centre international de rencontre des jeunes de la francophonie, la maison internationale de la culture, etc.

Les activités culturelles majeures sont organisées autour de Zangbéto, Ogboni, Egungun, Oro, vodoun, folklore, Adjogan, Bourian et les arts plastiques.

Les structures les plus engagées dans l’encadrement, la sauvegarde et la promotion des valeurs traditionnelles de Porto-Novo sont l’UNESCO, la Direction Départementale de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme (DDCAT) et la Maison Internationale de la Culture (MIC) en partenariat avec les responsables des palais et lieux de cultes. Il se développe une dynamique endogène d’autopromotion, de conservation et de valorisation qui doit être mieux structurée et soutenue par une politique cohérente locale.

L’Unesco, le groupe de conservation du patrimoine mondial et le gouvernement béninois se sont donnés comme objectifs de sauvegarder et de valoriser l’originalité de la ville de Porto-Novo caractérisée par un mélange de cultures anciennes.

Les centres de documentation et d’information existants sur la culture de Porto-Novo sont la bibliothèque nationale, l’INFRE, l’UNESCO, le CEDIP, musée da-Silva, bibliothèque départementale.

Comme on peut le constater aisément la culture à Porto-Novo a été l’un des secteurs qui a bénéficié de l’attention de beaucoup de partenaires financiers et des décideurs politiques. Une étude d’impact de toutes les actions menées au profit de ce secteur mérite d’être faite car aucun document n’a été identifié à cet effet.

Artisanat

L’artisanat dans la ville de Porto-Novo est très diversifié et organisé. La structure d’encadrement des artisans est le Collectif des Associations et Groupements Professionnels des Artisans de Porto-Novo qui est une structure décentralisée de la Fédération Nationale des Artisans du Bénin (FENAB). Porto-Novo compte près de 42 corps de métier dont 28 fonctionnelles et enregistrés dans le répertoire des associations.

Les types de services ou prestations les plus courantes sont la mécanique, la soudure, la menuiserie, le dépannage radio, TV, réparation de bobine, la vitrerie, la plomberie, l’électricité, la coiffure, couture, tissage, tricotage, le fumage de poisson, le transformation de noix de palme et de coco en huile, du manioc en gari, huile en savon, vannerie et alimentation.

L’artisanat concerne aussi bien les femmes que les hommes avec une spécialisation des femmes dans la transformation. Les artisans exercent dans les ateliers le long des rues et sont organisées en plusieurs associations suivant les corps de métier et en fédération. Cependant il se développe de plus en plus un artisanat informel avec une dynamique associative et fédérative.

Aujourd’hui, la ville essaie de reconstituer son passé grâce à ses trois musées, à savoir le musée ethnographique Alexandre Sènou Adande, le musée Honmè et le musée da Silva des arts et de la culture afro-brésilienne.

Patrimoine urbain

Porto-Novo est une des capitales au patrimoine les mieux préservés. L’architecture y présente un style original avec des influences brésiliennes et françaises. Les arbres sacrés sont aussi un élément important de ce patrimoine.

Ces atouts recensés et certainement d’autres font d’elle une ville historique.

Depuis les dernières élections communales, les responsables en charge du développement de la ville de Porto-Novo sont : le Maire Emmanuel ZOSSOU et le Préfet de l’Ouémé Joachim APITHY.

Il est important, voire indispensable que les pouvoirs publics jouent pleinement leur partition pour la revalorisation historique de ces atouts. Il va de l’intérêt du pays.

GIHSA

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