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Transition politique au Gabon: Le dialogue national reporté (Après le lancement officiel par Oligui Nguéma, les travaux reportés)

Au Gabon, le dialogue national prévu pour s’accorder sur les conditions d’organisation des élections post-coup d’Etat est lancé et est prévu pour durer un (01) mois. L’opposition gabonaise dénonce un « entre-soi » destiné à pérenniser le pouvoir du général Brice Oligui Nguéma à la tête du pays.
En effet sept (07) mois après le coup d’Etat militaire ayant mis fin à cinquante-cinq (50) ans de « dynastie Bongo », le nouvel homme fort du Gabon, le général Nguema, a lancé, le mardi 02 avril 2024, un dialogue national censé préparer des élections en 2025.
Le respect, jusqu’ici, d’un calendrier de deux (02) ans pour rendre le pouvoir aux civils est salué par la communauté internationale et une grande majorité de Gabonais, pour qui le Président de transition Oligui Nguéma est celui qui les a sauvés d’un régime profondément « corrompu ». Mais des voix s’élèvent pour fustiger un dialogue « entre soi » qui pavera le chemin au général vers la prochaine présidentielle.
La cérémonie d’ouverture de cette « consultation de toutes les forces vives de la nation » a lieu au Palais des sports, au centre de Libreville, mais les travaux des 580 participants nommés par le Président de transition se dérouleront au Stade de l’Amitié sinogabonaise, à Angondjé, dans la banlieue de la capitale.
Ces dernières semaines, les appels à reporter le dialogue étaient quasi quotidiens dans la presse et chez les opposants qui n’ont pas rallié le régime militaire. Et pour cause, d’abord, une organisation « unilatérale » et la part belle, parmi les 580 participants, faite aux militaires et aux institutions de transition nommées par le chef de l’Etat : gouvernement, députés, sénateurs, certains conseils municipaux et départementaux, etc.
Si l’on inclut les 104 militaires nommés par le général Oligui, plus de 300 participants sont de facto issus d’administrations et institutions nommées par les autorités militaires de transition et jugés favorables à celles-ci. Dans lesquelles ont été maintenus de très nombreux caciques des régimes d’Omar Bongo, Président durant quarante et un (41) ans, et de son fils Ali, demeuré plus de quatorze (14) ans au pouvoir.
Ce dernier, qui avait succédé à son père en 2009, a été renversé par les militaires, qui reprochaient à son entourage familial et proche d’avoir fraudé sans retenue à la présidentielle du 26 août 2023 et d’avoir pillé le pays en détournant massivement des fonds publics.
Le chef de l’Etat a également choisi, pour participer au dialogue, une personne parmi les quatre proposées par chacun des 104 partis légalement reconnus, dont une immense majorité a fait allégeance au général.
Sur 580 participants, restent donc 217 représentants de la société civile (patronat, syndicats, retraités, jeunes, handicapés, ONG, cultes…), tous également nommés par décret du Président mais pas forcément tous dans son camp.
Cette procédure de désignation des participants « n’est pas respectueuse de la démocratie », s’insurge Anges Kevin Nzigou, un virulent opposant aux régimes Bongo et Oligui, secrétaire exécutif du Parti pour le changement (PLC), pour qui, le pouvoir militaire « démontre sa volonté de contrôler de bout en bout le débat ». « Organiser un dialogue et choisir qui vient, c’est un peu comme avoir défini ce qui va être dit », renchérit Guy Pambo Mihindou, chercheur en sciences politiques à l’université de Libreville. Les modalités de consultation du peuple promise par le général Oligui, au moyen d’un appel à contribution lancé en octobre jusqu’aux villages les plus reculés, sont également critiquées
Selon le gouvernement, 38 000 doléances et suggestions ont été recueillies parmi les deux (02) millions d’habitants du petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole. Elles devaient être synthétisées pour servir de base aux travaux du dialogue, mais aucune synthèse n’a été publiée à ce jour.
Le dialogue national n’étant pas « souverain », ses résolutions ne seront pas contraignantes, estiment aussi ses détracteurs, notamment pour la nouvelle Constitution, qui sera élaborée par les députés et sénateurs nommés par le général Oligui et soumise à référendum.
Enfin, les griefs se concentrent sur l’avenir du chef de l’Etat : la charte de transition édictée après le putsch interdit la présidentielle de 2025 à tous les cadres des institutions de transition, à l’exception du Président Oligui. Un dialogue « phagocyté » par les thuriféraires du régime militaire ne remettra pas en cause cette disposition, estiment l’opposition radicale et les médias non gouvernementaux.
Après la cérémonie d’ouverture organisée le mardi 02 avril 2024, les travaux de ce dialogue national gabonais qui devaient commencer le mercredi 03 avril au stade de l’Amitié sino-gabonaise, avec une réunion en plénière de tous les participants. Finalement, le gouvernement a préféré décaler le début des travaux. Les centaines de délégués sont arrivés dans la matinée pour retirer leurs badges et participer à la plénière qui devait lancer les négociations, notamment sur les derniers textes à adopter comme le règlement intérieur, les termes de référence et la méthodologie de travail. D’après les informations, la Ministre de la Réforme des institutions a finalement annoncé le report du lancement des travaux. Murielle Minkoué Mintsa a expliqué que des ajustements étaient nécessaires, et qu’il fallait notamment former les panélistes. Certains ont accusé le Ministère d’amateurisme. La Ministre a rétorqué que les organisateurs ne voulaient pas voir les écueils des précédents dialogues se répéter. « Il s’agit d’expliquer comment l’organigramme se structure, quelle sera la discipline de travail à adopter », a confié un des organisateurs. Cette source ajoute que ce dialogue national est mené par les religieux. Or, ces derniers souhaitent redoubler de prudence lorsqu’il s’agit de gérer les affaires publiques. « Nous voulons aussi marquer notre originalité afin d’atteindre les objectifs et être en phase avec toutes les attentes », ajoute un ecclésiastique.Tous ceux qui participeront aux commissions et sous-commissions devront donc suivre une formation jeudi et vendredi. L’Assemblée plénière aura lieu finalement le samedi 06 avril, journée durant laquelle les commissions seront mises en place. Les travaux proprement dits débuteront le lundi 08 avril et s’étireront jusqu’au 18 avril. Les jours suivants serviront à élaborer et à valider les conclusions, jusqu’à l’adoption du Rapport final le 27 avril et la cérémonie de clôture le 30 avril.

Mick de BADAR
(Sources : internet

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