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Subventions sur le carburant au Nigeria : Bola Tinubu acte la fin

Subventions sur le carburant au Nigeria :
Bola Tinubu acte la fin

C’est un geste fort que vient de faire le tout nouveau président nigérian en suspendant cette aide, source d’une dette colossale. Une décision audacieuse qui relance la crainte d’une flambée des prix et de l’inflation.
Elle est au cœur de tous les débats électoraux, politiques et économiques depuis 30 ans : la subvention du carburant a été suspendue par Bola Tinubu, le nouveau président du Nigeria tout juste investi. Une décision audacieuse qui risque d’entraîner une hausse immédiate du prix de l’essence, qui pourrait atteindre 200%, et de relancer immédiatement l’inflation.
Le nouveau chef de l’État a justifié sa décision en expliquant que cette aide ne figurait pas dans le budget. «Son coût sans cesse croissant ne peut se justifier dans un contexte de diminution de nos ressources », a-t-il déclaré. Il a proposé de réaffecter ces fonds au renforcement des infrastructures publiques, de l’éducation, des soins de santé et à la création d’emplois, affirmant que cela améliorerait considérablement la vie de millions de Nigérians.

Dysfonctionnement
Le Nigeria dépense environ 18,39 milliards de nairas (39,9 millions de dollars) par jour pour subventionner le carburant, recourant souvent à l’emprunt pour couvrir ces coûts faramineux et négligeant ainsi d’autres besoins urgents. Un poids aggravé par la dépendance totale du Nigeria à l’égard des importations d’essence, en raison du dysfonctionnement des raffineries nationales.
Déjà l’année dernière, la loi sur l’industrie pétrolière prévoyait l’annulation de la subvention à l’essence. Pourtant, le prédécesseur de Tinubu, Muhammadu Buhari, l’a maintenue affirmant que sa suppression imposerait des charges économiques à la population nigériane. La subvention a été incluse dans le budget 2023 amendé jusqu’à la fin du mois de juin, la décision de maintenir ou de supprimer les paiements ultérieurs étant laissée au successeur de Buhari.

Regrets
Parallèlement à ce choix, le nouveau président a exprimé ses réserves quant au régime actuel de taux de change multiples qu’il considère comme un facteur central de la baisse des investissements directs étrangers. Il a exprimé ses regrets au secteur privé pour ces politiques qui freinent l’investissement, chargeant ensuite la Banque centrale du Nigeria d’unifier les taux de change.
Le taux de change officiel est actuellement fixé à environ 460 nairas pour un dollar, alors que le marché parallèle a connu des fluctuations entre 750 nairas et 770 nairas pour un dollar au cours des dernières semaines. Cet écart important a ouvert la voie à l’arbitrage, faisant naître une nouvelle classe de Nigérians fortunés ayant un accès privilégié au dollar américain.
Face à cette situation, Bola Tinubu a souligné l’urgence d’une réforme des politiques monétaires. « La Banque centrale doit œuvrer en faveur d’un taux de change unifié. Cela permettra de canaliser les fonds de l’arbitrage vers des investissements substantiels dans l’économie réelle – usines, équipements et création d’emplois », a-t-il déclaré. Il a également fait part de ses préoccupations concernant la politique de refonte du naira menée par la Banque centrale, une politique qui a entraîné des difficultés économiques pour la population, en particulier pendant la période électorale. En promettant d’éradiquer les taxes multiples, il a fixé un objectif ambitieux de croissance annuelle du PIB de 6%.

Le spectre de l’inflation…

Au cœur du programme de Tinubu, la suppression de la subvention au carburant suscite la controverse. Soutenue par la Banque mondiale, le FMI et les milieux d’affaires nigérians, elle inquiète les organisations syndicales qui ont prévenu que cela pourrait exacerber le taux d’inflation déjà élevé du pays, à 22 %. Dans un pays où le chômage est supérieur à 33% et où plus de 133 millions de personnes vivent dans la pauvreté, les implications économiques de cette mesure sont préoccupantes.

En effet, les analystes prévoient une forte augmentation des prix de l’essence. Muda Yusuf, économiste et directeur général du Centre pour la promotion de l’entreprise privée, souligne la nécessité de politiques complémentaires pour atténuer l’impact de la flambée des prix. Il suggère que le gouvernement fournisse des devises au taux officiel aux importateurs d’essence, afin de faciliter la réduction des coûts.

… et de la pénurie

Kelvin Emmanuel, PDG de Dairy Hills [une entreprise de fabrication de produits alimentaires et de boissons], va plus loin en prévoyant une hausse de 700 N par litre par rapport à la moyenne actuelle de 185 à 200 N. Il estime toutefois que, grâce à la mise en service prochaine des raffineries de Dangote et du groupe BUA, le marché finira par se stabiliser.

Malgré les difficultés anticipées, cet entrepreneur estime que la suppression des subventions est nécessaire, déclarant que la pratique consistant à emprunter de l’argent pour les financer n’est pas viable. Il met toutefois en garde contre une éventuelle pénurie d’essence à court terme : « Si la NNPC n’a pas assez d’essence pour approvisionner le Nigeria, il y aura une pénurie parce que les négociants auront peur d’importer car il faudra 45 jours pour que l’essence arrive et cela pourrait coïncider avec l’ouverture de la raffinerie de Dangote qui vendra de l’essence à un prix moins élevé », explique-t-il.

Source : internet

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