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Militantisme, expérience et conviction politique : Bruno Amoussou, un exemple

Avec sa longévité sur la scène politique béninoise, Bruno Amoussou est une personnalité qui a contribué à l’animation de la vie politique au Bénin. Par son charisme et son leadership, il a joué et joue encore sa partition dans la construction du Bénin, du Dahomey à ce jour.  Cette carrière, cette longue carrière, « le renard de Djakotomey » la doit à ses idéaux politiques très à gauche car Bruno Amoussou est un socialiste convaincu, un socialiste de sang pourrait on dire. Il n’y a jamais bougé d’ailleurs malgré la nouvelle option de la sociale démocratie au plan international. L’Homme du haut de ses 81 ans révolus, incarne à lui seul, une grande part des réformes et mutations qui ont marqué  l’histoire de notre jeune nation. Et face à l’intérêt supérieur de la Nation, il ne s’est jamais caché derrière son petit doigt. Lorsqu’il publiait en 2009, « L’Afrique est mon combat », qui retraçait en effet son parcours et notamment ses débuts des indépendances du Dahomey jusqu’à la République du Bénin, il avait levé un coin de voile sur son grand rêve pour l’Afrique et son Bénin en particulier.

Aussi craint que respecté pour son demi-siècle de carrière politique, ce technocrate a toujours été un homme choisi pour exercer des fonctions d’Etat de premier plan tout régime confondu de l’époque révolutionnaire de Kérékou, à Boni Yayi en passant par le régime Soglo et Kérékou II. Même avant ça, il était déjà dans de grands rôles et dans l’appareil politique du pays. Ces traces sont connues dans la période 1960-1972, notamment dans la gestion de l’agriculture du pays et auprès du Président Maga, du Général Président Emile de Souza, du célèbre capitaine Michel Aïlkpé et son collègue Michel Aladayè.

Jeune, il s’engage dès la classe de 4ème dans l’action militante au sein du mouvement de la jeunesse étudiante catholique dont il fut le numéro un, avant de s’envoler en France pour la suite de ses études.

Toujours aussi brillant et percutant, il fut élu Président de l’Association des Etudiants Dahoméens en France en 1962. Et comme rien n’arrête une âme bien née, il poursuit son ascension et devient Secrétaire Général de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF). En digne fils du quartier latin d’Afrique, Bruno Amoussou était déjà une vedette suivit comme du lait sur le feu par les personnalités françaises et africaines de l’époque. Sur les traces et collaborations politiques de Bruno Amoussou, on retrouve les grands dirigeants politiques Africains tels que l’Algérien Ben Bella ou le Ghanéen Kwame N’Krumah,… Ce qui contribuera à renforcer ses convictions politiques.

De retour au Bénin, il est élu Président de l’Assemblée Générale des Cadres en 1979.

Apres l’effondrement  et le balayement du régime révolutionnaire, Bruno Amoussou fonde le Parti Social Démocrate (PSD), l’un des principaux partis politiques du Benin et d’Afrique à ce jour. Président de l’Assemblée Nationale, puis Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement dans plusieurs gouvernements du président Mathieu Kérékou. Il a participé à trois élections présidentielles avant de former en 2008 une alliance (UN) avec d’autres partis d’opposition, qui décide de porter en 2011, la candidature d’Adrien Houngbedji, président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), membre de l’alliance UN. Avant ça et jusqu’en 2006, il faut signaler qu’il a dirigé et coordonner la grande alliance Union du Bénin du Futur (UBF). En Janvier 2012, il laisse sagement, chose rare au Bénin, la Présidence du PSD à son vice-président Emmanuel Golou et se consacre à la Présidence de l’alliance Union fait la Nation. Aujourd’hui, c’est sous les couleurs Progressiste qu’il continue de servir le Bénin, terre à laquelle il est visiblement très attaché.

Longtemps sous le feu des projecteurs, l’Homme qu’on ne présente plus se fait depuis quelques années bien discret mais n’a rien perdu de son influence. Chez le numéro un béninois (Patrice Talon), les paroles du socialiste Bruno Amoussou sont pris au sérieux. Rassurez-vous, Bruno Amoussou, ce fin connaisseur du Bénin et des milieux politiques du continent, n’est pas un visiteur du soir du Président Patrice Talon. Mais le Doyen Amoussou est consulté et très écouté par le Chantre de la Rupture. Inspirateur de bonnes actions en faveur de l’épanouissement des peuples, son rôle de sage, il l’assume sans intérêt partisan et ni pétard. Et, c’est ça servir son pays ! Contrairement à certains acteurs politiques autrefois au premier plan dans ce pays qui étalent aujourd’hui de façon éclatante leurs lacunes, Amoussou lui, a gardé son aura et son parfum qui attirent tous vers lui. Son image, son nom et ses idées font toujours consensus. Par son arbitrage, le pays que voudrait paralyser un quota bien résiduel d’opposants, est toujours en marche.

L’autre aspect qui plait chez cette personnalité, c’est que bon gré mal gré, l’homme a toujours su se convertir face aux impératifs d’Etat et à l’ère du temps. Sans parfum de scandale, sa vision claire de la politique lui a permis de perpétuer ses structures sous différentes formes, mais toujours adaptées à un genre acceptable pour chaque génération politique.  Pour cette œuvre titanesque, on pourrait consacrer tout un documentaire à l’homme. C’est pourquoi, en démocratie, il revient aux chercheurs et universitaires béninois (historiens, politistes, sociologues, etc.) d’ouvrir cette boîte noire qu’est le président Bruno Amoussou pour en extraire ce qui serait utile au monde et à la postérité.  Ce Baobab, c’est en réalité un profil qui « normalise »  tout autour de lui.

Bruno Amoussou mérite d’être consacré et célébré de son vivant. Malgré ses décisions répétées de prendre sa retraite, il est toujours retenu par des camarades ou des  enjeux du moment. Il a toujours souhaité la mise ensemble des partis politiques, c’est chose faite désormais et cimenté par le législateur, le renard de Djakotomè doit en être heureux. Autre qualité, Bruno Amoussou a déjà écrit ses mémoires mais on attend toujours la suite.

Bruno Amoussou est sans ambages un exemple à suivre, surtout pour la nouvelle génération qui s’intéresse à la politique et aux affaires liées à la gestion de la cité.

Charles Christel ADOMASSE

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