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L’éphéméride de l’Espoir : Le Professeur Albert Tévoédjrè

Né le 10 novembre 1929 dans une famille de sept enfants à Porto-Novo, dans ce que l’on appelait alors le Dahomey, Albert Tévoédjrè suit une formation dans les établissements catholiques. C’est à Dakar qu’il fera ses années de lycée, avant de partir pour la France où il suit des études de Lettres et d’Histoire à l’université. Membre de l’Union des étudiants catholiques africains (UECA) et de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), il sera notamment l’une des plumes de l’Étudiant d’Afrique noire, la revue de la Fédération, Albert Tévoédjrè s’implique dans les mouvements indépendantistes et panafricains. Et n’échappe pas, alors, aux démêlés avec la police française. C’est à cette époque qu’il rédigera L’Afrique révoltée (Éditions Présence africaine), ouvrage qui deviendra rapidement une référence pour toute une génération de jeunes intellectuels et activistes engagés dans la lutte anti-coloniale. De retour au Dahomey en 1959, il s’engage en politique au sein du Rassemblement démocratique dahoméen (RDD). Sous l’ère d’Hubert Maga, son ascension est alors très rapide. Secrétaire général de la présidence, il deviendra bientôt secrétaire d’Etat à la présidence chargé de l’information. En 1961, il entame sa carrière internationale en devenant secrétaire général de l’Union africaine et malgache. Il en sera cependant écarté deux ans plus tard, sur fond de dissensions avec Hubert Maga. Après une courte traversée du désert, il part aux États-Unis, à Harvard, où il intègre le Bureau international du travail (BIT), dont il devient le coordinateur régional pour l’Afrique en 1966, et directeur général adjoint en 1974. C’est à cette époque qu’il développera le concept de minimum social commun et celui de contrat de solidarité, une nouvelle approche des relations Nord-Sud, qu’il exposera dans La Pauvreté, richesse des peuples. Alors qu’il évolue depuis dix ans dans l’ambiance feutrée et polie des institutions internationales, Albert Tévoédjrè signe là un brûlot anti-impérialiste, plaidant pour que les États africains reprennent leur souveraineté économique et politique confisquée par les anciennes puissances coloniales et les sociétés multinationales. Au milieu des années 1980, il quitte le BIT pour fonder le Centre panafricain de prospective sociale (CPPS), qui se consacre à la recherche, à la formation et à la mise en œuvre de programmes en matière de développement socio-économique en Afrique. Parallèlement, il reprend pied avec la scène politique béninoise, alors que les premiers signes de libéralisation commencent à poindre, au crépuscule du régime militaro-marxiste de Mathieu Kerekou. En 1990, il devient rapporteur de la conférence nationale des forces vives de la nation, qui débouchera sur le multipartisme. Candidat à la présidentielle de mars 1991, il arrive en troisième position, derrière Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, qui prend alors le pouvoir. Après avoir participé, aux côtés de Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji, à la Convention nationale des forces du changement, il finit par se rallier à la candidature de Mathieu Kérékou à la présidentielle de 1996. Il deviendra ministre au Plan et à la restructuration économique de 1996 à 1999. Nommé en 2003 au poste de Représentant spécial en Côte d’Ivoire du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, il posera sa démission deux ans plus tard. En 2006, après avoir soutenu la candidature de Thomas Boni Yayi à la présidence, il fut nommé médiateur de la République. Albert Tévoédjrè est décédé le mardi 6 novembre 2019 dans une clinique de Porto-Novo à l’âge de 90 ans.

Flora HOUNSOUNOU

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