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Esclavage en Libye et avenir de la CEDEAO, UA : L’appel des présidents Yayi, Soglo et Obasanjo

Les anciens chefs d’Etat Nicéphore Dieudonné Soglo du Bénin et Olusegun Obasanjo du Nigéria ont co-animé ce mercredi 24 octobre 2018 à Cotonou en présence du président Boni Yayi et autres personnalités, une conférence sur la traite négrière et l’avenir de la CEDEAO. Ils ont à l’occasion, lancé un appel solennel en deux points à l’endroit des dirigeants africains, de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) en général.

C’est une conférence qui s’inscrit dans la continuité du Forum des anciens chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique (Forum Afrique)qui a eu lieu du 30 août au 1er septembre 2018 à Tokyo au Japon où il y a été présenté un travail sur le thème «Vers une paix durable en Afrique». L’objectif était d’identifier les causes profondes des conflits en Afrique et les modalités de promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent.

En leur qualité respective de vice-président et de membre de ce Forum Afrique créé en 2006 à Maputo sous le patronage du président Nelson Mandela, les présidents Soglo et Obasanjo se sont retrouvés à Cotonou pour poursuivre les réflexions mais aussi dire ce qu’ils pensent être les priorités sur lesquelles la CEDEAO et l’UA doivent travailler.

Journée internationale de la traite négrière et de son abolition

L’élément principal de leur conférence, c’est la question de la mémoire de l’Afrique, la traite des noirs -la plus grande déportation de l’histoire-. Sans un retour à cette histoire, la construction d’une Afrique de paix et prospère ne serait être une réalité, selon les conférenciers. « Il est temps qu’en Afrique, notre histoire devienne la nôtre. La construction d’une organisation comme la CEDEAO nécessite une étude approfondie du passé de cette région du Golfe de Guinée, appelée la Côte des esclaves » affirme le président Nicéphore Dieudonné Soglo. Dans ce passé et pendant quatre siècles -de 1450 à 1850-, 100 millions d’hommes et de femmes ont été déportés, a-t-il rappelé avec des images à l’appui.  « A Tokyo, nous avons choisi de ne pas tourner le dos au passé. La vraie tombe, c’est notre mémoire collective parce que les négriers atteindront leur but si les victimes arrivaient à disparaitre de notre conscience pour se fondre dans la nuit de l’oubli», ajoute-t-il. Selon ses propos, c’est dans ce sens que la rencontre de Tokyo a mis en tête de ses dix recommandations, l’arrière-plan historique et culturelle de l’Afrique en particulier les conséquences dévastatrices de la traite des esclaves et du colonialisme ainsi que la division du peuple africain.

Dans cette même logique, ces deux chefs d’Etat réunis à Cotonou ce mercredi 24 octobre 2018 recommandent comme priorité, l’institution d’une Journée internationale de la traite négrière et de son abolition« Il est indispensable qu’au sommet de la CEDEAO et de l’UA, si c’est le 23 août, qu’on déclare cette Journée internationale de la traite négrière et de son abolition fériée dans tous les états » martèle le vice-président du Forum Afrique. Selon, lui, les chefs d’Etat africains doivent tout mettre en œuvre pour une célébration digne de cette journée. « Nous nous sommes dit, le point de départ, c’est la commémoration de cette journée au niveau de l’Union africaine. Cette journée doit être instituée par l’Union africaine »confie le président Obasanjo«Si nous oublions le passé, les probabilités sont fortes pour que nous répétions les mêmes erreurs du passé. L’esclavage et la traite négrière ont un fort impact sur notre développement aujourd’hui» explique-t-il.

L’histoire détermine notre futur

Pour le président Boni Yayi, il s’agit là, d’un point capital et incontournable du développement de l’Afrique. Il donne raison aux présidents Soglo et Obasanjo d’avoir insisté et mis en priorité la mémoire. «L’histoire détermine notre future. Nous ne sommes pas encore une Afrique pacifique. La prospérité vient après la paix. La paix doit être la rupture par rapport à la continuité de ce pan de l’histoire et de ses impacts sur le continent» argumente l’ancien président de l’Union africaine. Il se souvient avoir introduit une fois la question au niveau des résolutions de l’UA mais l’une des faiblesses reconnait-t-il, c’est que l’instance prend beaucoup de résolutions sans faire l’effort de voir ce qui est appliqué et les impacts sur les peuples. «Que cette journée proposée soit vraiment une réalité » souhaite-t-il.

Outre cette journée, les conférenciers ont mis l’accent sur la création de la devise commune dans l’UA. « Il est temps qu’on ait une monnaie unique » soutient le président Soglo«L’heure est venue d’avoir une et une seule devise. Et c’est de la responsabilité de nos leaders de le savoir » dira son homologues nigérian. Ce sont des points qui déterminent l’avenir du continent africain, selon Boni Yayi.

Ces deux propositions ont fait l’objet d’une déclaration de Cotonou lue par le professeur Joël Aïvo au terme des communications de la conférence. Elles constituent un projet que ces anciens Chefs d’Etats entendent défendre au sein de la CEDEAO et de l’UA. La conférence de Cotonou n’est que le départ.

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