Narendra Modi, l’homme qui a révolutionné l’Inde ces dernières années, est en lice pour un troisième mandat à l’occasion dune élection législative qui a démarré le 19 avril et qui se déroulera jusqu’au 1er juin 2024 où 970 millions d’Indiens sont appelés aux urnes. Les dix (10) années de gouvernance du Premier Ministre Narendra Modi sont une sorte de tsunami qui a déferlé du positif sur le paysage politique indien. Très charismatique, le chantre du nationalisme hindou brigue un troisième mandat consécutif. Il se veut « l’Empereur des cœurs hindous ». Au service d’une idéologie d’extrême droite, Narendra Modi possède, à 73 ans, un pouvoir d’attraction flamboyant et la ruse acérée d’un stratège éclairé. Grande est la tentation de céder à l’emphase quand il s’agit d’évoquer cet acteur politique majeur de l’Inde. Il incarne le destin inouï d’un enfant du Gujarat (Nord-Ouest) qui aidait son père à vendre du thé sur le quai d’une gare, et devint le Premier Ministre d’une nation de 1,4 milliard d’habitants. Il a complètement réécrit la trajectoire de l’Inde, durant ses deux (02) quinquennats marqués par l’avènement du nationalisme hindou et la montée en puissance de son pays sur la scène internationale. « Jai Hind ! » (Vive l’Inde !) en serait presque un cri de guerre, scandé par les foules en liesse lors de ses apparitions. Car Narendra Modi leur a fait une forte promesse: « Le XXIe siècle sera le siècle de l’Inde ».
La campagne est marquée par le scandale des « bons électoraux », un système de financement des partis qui a largement favorisé la formation du Premier Ministre Narendra Modi.
Ces élections générales en Inde qui vont durer quarante quatre (44) jours sont étalées en sept (07) phases pour faire voter près d’un milliard d’Indiens. Ces dix-huitièmes élections législatives indiennes sont un exercice à l’échelle du pays, l’un des pays les plus peuplés au monde. Les électeurs vont donc être appelés successivement aux urnes, selon leur région, pour élire les cinq cents quarante trois (543) Députés de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement. « Il s’agit du plus grand exercice logistique en temps de paix au monde », a commenté le Président de la commission électorale, Rajiv Kumar.
Il va mobiliser quinze (15) millions d’agents électoraux pour mettre en place un (01) million de bureaux de vote, acheminer les machines électroniques jusque dans les régions les plus reculées, car la loi prévoit que les électeurs ne soient pas éloignés de plus de deux (02) kilomètres d’un isoloir. Les résultats seront annoncés le 04 juin 2024.
Au-delà de la logistique, l’enjeu de ces élections est considérable. Après dix (10) années au pouvoir, Narendra Modi, 73 ans, veut non seulement conquérir un troisième mandat mais aussi obtenir une majorité qualifiée. L’opposition redoute qu’il ne veuille modifier la Constitution de 1950 et instaurer un régime différent de celui légué par les fondateurs après l’indépendance. Le Premier Ministre indien sortant s’est fixé, avec ses alliés, un seuil de quatre cents (400) Députés, contre trois cents cinquante (350) élus en 2019, ce qui lui permettrait d’atteindre la majorité des deux-tiers.
Il faut dire que c’est la plus grande élection au monde, avec neuf cents soixante dix (970) millions de votants et deux milles six cents (2 600) partis politiques. À partir du vendredi 19 avril 2024, l’Inde va élire une nouvelle Assemblée et un nouveau Premier Ministre. Pour voter, les Indiens n’utilisent pas de bulletins, mais une machine électronique sous scellés jusqu’au jour du vote.
L’Inde, pays le plus peuplé au monde, en est-elle toujours pour autant la plus grande démocratie ? Une grande question. Après dix (10) ans au pouvoir, le Premier ministre sortant, Narendra Modi, a réduit quasiment à néant l’opposition. Membre du BJP, le parti nationaliste hindou, il s’oppose à la vision d’une Inde multiconfessionnelle, pourtant garantie par la Constitution. Ultra-populaire, il est donné gagnant par tous les sondages. Les résultats des élections seront connus le 04 juin 2024.
Mick de BADAR