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13 mars 1999-13 mars 2023: 24 ans que Mgr Isidore de SOUZA n’est plus

13 mars 1999-13 mars 2023:
24 ans que Mgr Isidore de SOUZA
n’est plus

Ce 13 mars 2023, le Bénin commémore l’anniversaire de décès de Mgr Isidore De Souza, grande figure de l’histoire du Bénin. Ancien archevêque de Cotonou, il avait dirigé le présidium de la Conférence nationale souveraine du 19 au 28 février 1990. Cette messe politique qui avait réuni toutes les forces vives du pays a vu naître le renouveau démocratique au Bénin.
En effet, le 13 mars 1999, le Bénin perdait Mgr Isidore De Souza, une figure nationale et ecclésiale qui a fortement marqué l’histoire politique et sociale du pays puisqu’il a été un acteur incontournable de la naissance de la démocratie au Bénin.
Mgr Isidore De Souza est né le 4 avril 1934 à Ouidah. Il est ordonné prêtre le 8 juillet 1962. Le 8 décembre 1981, il est sacré archevêque coadjuteur de Cotonou. Le 27 décembre 1990, il est confirmé archevêque de Cotonou, charge qu’il assumera jusqu’à sa mort le 13 mars 1999.
À la fin des années 1980, le régime marxiste-léniniste de Mathieu Kérékou ne parvient plus à faire face à la crise socio-économique et financière au Bénin qui s’est généralisée dans tous les secteurs. Les forces vives de la nation veulent une nouvelle Constitution et l’institution du multipartisme. Une Conférence nationale souveraine annoncée par le président Mathieu Kérékou depuis le 7 décembre 1989 a finalement lieu le 19 février 1990, avec comme président, un religieux : Mgr Isidore De Souza, alors archevêque coadjuteur de Cotonou.
Sa tâche n’était pas facile. Les forces vives de la Nation veulent un changement immédiat et le président Kérékou n’est pas prêt à concéder ce changement. Mais un consensus est trouvé grâce à l’habileté de l’archevêque de Cotonou. « Ses paroles sont fondatrices de la démocratie au Bénin ». « Héraut des valeurs démocratiques, il était la conscience politique majeure et n’avait de cesse de rappeler l’importance de l’éthique en politique », explique le père Rodrigue Gbédjinou qui a écrit deux ouvrages sur ce personnage ecclésial atypique.
Grâce à l’archevêque coadjuteur de Cotonou, « en une semaine, les 493 députés de l’opposition et du pouvoir vont se mettre d’accord pour concevoir et élaborer les fondements d’un ordre nouveau ». Mais l’on ne tarde pas à le suspecter d’avoir des ambitions politiques. Le pape Jean-Paul II, lors de sa visite au Bénin, en 1993, lui enjoint solennellement de se retirer du Haut Conseil de la République qu’il présidait alors. Et il démissionne.
L’engagement sociopolitique de Mgr Isidore De Souza ne date pas de son ordination épiscopale. Déjà jeune prêtre, il exprimait, à sa manière, son point de vue sur la situation sociale et politique du pays. En témoigne son attitude après un coup d’État qui, dans les années 1970, a propulsé un gouvernement militaire à la tête du Bénin. « Quand j’étais jeune prêtre, j’ai gardé la barbe pendant six mois pour protester contre un coup d’État fomenté par une puissance étrangère et qui avait réussi, raconte-t-il lui-même en 1994, lors d’une conférence au Tchad. Nous avions un président dont nous étions fiers parce qu’il faisait son travail. Mais on l’a « enlevé » parce qu’il se montrait indépendant vis-à-vis de certaines choses. »
D’une intelligence vive, Mgr Isidore De Souza aimait l’excellence. Il ne supportait pas l’appréciation « peut mieux faire » pour ses séminaristes. « Il préférait excellent ou nul (c’est-à-dire quelqu’un que l’on peut aider) », raconte le père Gbédjinou dans son livre « Il était une fois Isidore De Souza, faits et histoires ». Exigeant dans le recrutement de ses prêtres, il confiait volontiers : « je préfère encore renvoyer quelqu’un que Dieu a appelé que d’ordonner quelqu’un qui n’a pas été appelé ».
À sa mort, de nombreux témoignages sur son détachement des biens matériels ont été donnés par ses proches. Le père Gbédjinou en donne un, lié à son testament. « Je désigne l’archevêque qui prendra ma succession comme mon légataire universel : tout ce qui pourra être trouvé chez moi, au séminaire, à l’archevêché, dans mes comptes à Ouidah et à Paris, tout, tout et tout reviendra à l’archidiocèse. Monseigneur l’archevêque verra s’il faut donner quelque chose à l’une ou l’autre de mes sœurs encore vivantes. »
Comme Mgr Isidore de Souza, vivement qu’on trouve d’autre .

Mesmin Afano

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