Où sont nos repères ?

Un bon ami à moi écrivait encore le vendredi 12 novembre 2010, le livre « 50 ans après les indépendances, RENOUER AVEC LES REPERES ». Un ouvrage que j’ai eu la chance de lire plusieurs fois et je me demande chaque fois ce que nos pères, (les pères fondateurs ?) ont fait de notre jeune nation. Les valeurs n’existent pas ou je pourrais exagérer en disant que les valeurs n’ont jamais existé dans notre pays. Qu’ont-ils fait de nous? Pourrons-nous vraiment changer la donne un siècle après aux fins de donner un visage plus valeureux à notre nation, comme l’espérait Moukaram Badarou dans ce livre ?

Le béninois ne vit que pour nuire à la prospérité de sa nation et de son prochain. Y aurait-il un débat après cette assertion ? A mon humble avis, nous devons cesser d’accuser les autres (les blancs) et commencer par balayer devant notre propre cour. La question se posait déjà dans les premières heures de notre accession à la souveraineté nationale et internationale. La radio Soleil FM ne cesse de passer en boucle ces propos du Général Mathieu Kerekou « aux lendemains des indépendances, les béninois ont versé dans le tribalisme, la haine et dans la méchanceté… » A en croire les écrits de Emmanuel Mounier, qui tout en qualifiant notre pays de « quartier latin de l’Afrique » a tout de même fait remarquer que  »Le Dahomey est le quartier latin de l’Afrique. Mais cet intellectualisme fait de méchanceté et de mesquinerie est de nature à retarder le développement du pays ». Notre intelligence est souvent mise au service du mal. Le béninois est prêt au nom de son seul intérêt à vendre son frère et à sacrifier sa nation…Où sont nos valeurs ? Où se trouve l’amour du prochain, l’amour de la patrie ? Tout cela semble ne pas avoir d’intérêts pour les fils de Houégbadja et de Kaba.

Les exemples séculaires existent à commencer par cette affaire relayée abondamment dans l’ouvrage « les vraies couleurs du Caméléon 1 ». Dans ce livre, Janvier Yahouédéhou dénonçait déjà les « prévarications » et mauvais rôles joués par les cadres dahoméens dans l’affaire dite Kovacs…De tout temps, les fils de ce pays ont fait des contre valeurs leurs règles d’opérationnalisation…on se souvient encore de ces discours des révolutionnaires qui chantaient sur tous les toits, comment les cadres béninois surtout les civils mettaient allègrement les mains dans les caisses de l’Etat et s’offraient des luxes insolents. Ils n’étaient même pas inquiétés car comme nous l’avons hérité de « je ne sais qui  » on ne peut pas avoir un membre de sa famille sur le pommier et manger des pommes vertes « . A quel moment le mérite a t- il vraiment permis à un cadre béninois de pouvoir se hisser au sommet dans l’administration ? très très rarement…

Dans ce pays là, c’est le règne des coups bas, les cancres sont promus au détriment des illuminés qui n’ont pas de « parrains. » Ce pays est devenu un pays de réseaux, dans lequel c’est seulement ceux qui sont connectés aux bons réseaux, qui ont le vent en poupe.

Tout se passe et se fait comme si pour diriger cette nation il faut savoir magouiller…savoir voler pour s’élever…et élever « les siens ». Où est la conscience citoyenne ?

Personne ne se soucie de la grandeur du pays…je me remémore encore l’image que le cardinal Bernardin Gantin voudrait que chaque fils de cette nation retienne…

« je dois m’employer à tout faire afin que mon pays grandisse et que je sois petit… ». Est-ce que les béninois vivent et travaillent pour la grandeur de leur pays ?

Apparemment c’est bien le contraire qui s’opère aujourd’hui… Moi d’abord et le pays après… Prenons par exemple, le cas des commandes objet des marchés publics… les fournisseurs parfois peu qualifiés pour la prestation s’associent avec les cadres du pays pour acheter des équipements « bricolés » qui quelques mois plus tard sont rangés au magasin… moult exemples nous permettent aujourd’hui de dire que nos « Akowés » n’aiment pas le pays, ou n’ont jamais fait l’effort de l’aimer. Est-ce de l’ignorance ? A jamais ils n’ont cherché comment ils doivent par leurs qualités intrinsèques contribuer à la grandeur de notre pays…Tout le contraire de la fameuse formule chère à John Fitzgerald Kennedy

 » Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

Revenons aux repères… Que devons nous léguer à la jeune génération? Applaudir un béninois qui par la ruse arrive à se hisser au sommet ou aduler un milliardaire qui a réussi par le blanchiment des capitaux …à acheter tout le monde et qui par enchantement impose sa vision même aux gouvernants ? Encourager les propos va t-en guerre comme « Après nous, c’est nous », « c’est notre tour de gérer les affaires ».

Il est impérieux que nous léguons à la génération montante les valeurs d’une nation qui doit prendre le sens du progrès, d’une nation où l’honnêteté, l’amour du travail et le patriotisme ont leur raison d’être. Le Béninois doit apprendre à faire confiance au Béninois. Comment comprendre au Bénin qu’au nom du pluralisme démocratique, nous dénombrons plus de trois cents (300) partis politiques ? Est il si difficile aux béninois de travailler ensemble au point où chaque village du Bénin finira par créer et enregistrer son club électoral ? Il est important à mon avis que nous fassions l’effort de nous rassembler dans les idéaux que nous devons essayer de promouvoir comme le don de soi, le partage, la solidarité, l’apathie et l’unité nationale. A ce propos, Albert Einstein nous invitera à nous témoigner des valeurs humaines au lieu d’être des hommes de succès.

Les bonnes habitudes ont déserté le forum… elles doivent revenir pour la construction d’une nation saine et prospère. Oui les bons mots doivent nous visiter pour panser les maux qui avilissent notre nation. Nous devons sur conseil de mon oncle Dooson donner tout son sens au mot « Servir ». Il ne devrait plus être question du culte de la personnalité : il n’y a pas encore longtemps, à cause de la maison d’un fils de cette nation, la construction d’une route a dû être modifiée pour lui faire plaisir. Beaucoup de béninois ainsi continuent d’utiliser leur influence politique : un directeur général aurait par exemple réservé l’ascenseur de la structure qu’il est appelé à diriger pour une utilisation personnelle… l’Etat doit être plus fort que l’Individu. C’est bien pour cela qu’il faudra donner son sens à l’expression « restaurer l’autorité de l’Etat » et peut être bien avec cela, les citoyens apprendront à changer leur comportement et renouer avec les repères.

Auf wiederlesen !

Mesmin ADJIGNON

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