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Présidence de la Banque africaine de développement (BAD) : 5 candidats dont Romuald Wadagni (Un challenge de compétences et de réseaux. L’argentier Béninois a des chances de l’emporter)

Le mandat du premier responsable actuel de la Banque africaine de développement (BAD) arrive à échéance et bientôt sa succession doit s’opérer. En lice pour briguer ce fauteuil, Romuald Wadagni, Amadou Hott, Abbas Mahamat Tolli, Ousmane Kane, Samuel Maimbo.
La Banque africaine de développement se prépare donc à élire son prochain Président, qui succédera au Nigérian Akinwumi Adesina. Un choix stratégique qui influencera les priorités de développement du continent pour les prochaines années. L’institution est un pilier du financement en Afrique, portée par un modèle de capital hybride qui combine fonds propres et ressources externes. Ce modèle a permis des réalisations majeures, comme l’autoroute Abidjan-Lagos et des parcs solaires en Afrique de l’Est. Mais les défis restent nombreux et pluridimensionnels.
Le prochain Président devra poursuivre cet élan tout en s’attaquant à des enjeux critiques : la lutte contre la pauvreté, la diversification économique et la résilience climatique. Les attentes sont fortes, tant du côté des actionnaires africains que des partenaires internationaux, qui détiennent 40 % du capital de la Banque.
Sous la présidence d’Adesina, la BAD a gagné en visibilité et en crédibilité. C’est le moins que l’on puisse dire. Il laissera derrière lui une institution financièrement solide, mais de grands défis urgents à relever, notamment en matière de durabilité et d’inclusion économique. Si certains candidats anglophones se sont déclarés, il semblerait qu’un candidat francophone d’Afrique de l’Ouest ait la préférence des actionnaires.
– Romuald Wadagni (Bénin)
En tant que ministre des Finances du Bénin depuis 2016, il a transformé l’économie du Bénin. Alors qu’il est ministre de l’Économie et des finances, le Bénin a réalisé des progrès importants sur la voie de l’émergence économique. Le pays est devenu le premier choix des investissements étrangers dans la sous-région, grâce à des réformes économiques structurantes et à une rigueur budgétaire. L’obtention de notations favorables de la part d’agences internationales témoigne de l’efficacité de sa gouvernance. Aujourd’hui, la signature du Bénin est comparable à celle de l’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire selon plusieurs sources dignes et crédibles. Romuald Wadagni combine deux compétences majeures : capacités de négociation et connaissance précise de l’architecture financière internationale. Il a mené d’importantes opérations inédites pour un pays africain. On peut noter l’émission de l’eurobond vert destiné à financer des projets en lien avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) et la première obligation en dollars en 2024, renforçant et confirmant la crédibilité financière du Bénin sur les marchés mondiaux.
Grâce à la réputation nouvellement acquise par son pays, Wadagni a pu réaliser des opérations financières inédites. Le Bénin a émis des eurobonds à des maturités longues et a été le premier en Afrique à lancer un eurobond vert. Ces émissions ont été largement sur-souscrites, témoignant de la confiance des investisseurs internationaux dans la gestion financière du Bénin. En 2024, Romuald Wadagni a conduit la première émission d’obligation en dollars américains du Bénin, levant 750 millions de dollars.
Au Bénin, il a aussi mis l’accent sur le développement du secteur privé, facilitant la création d’entreprises au point que le Bénin est aujourd’hui classé par la CNUCED comme l’un des pays où l’on crée une entreprise le plus facilement. La pandémie de Covid-19 a mis en lumière la résilience de l’économie béninoise, qui a maintenu une croissance parmi les plus élevées en Afrique subsaharienne. Sa bonne réputation chez les grands électeurs de la BAD fait qu’il est pour l’heure considéré comme le favori dans la presse internationale, notamment par Les Échos. Reste à savoir si la diplomatie béninoise sera à la hauteur de ce grand challenge. Mais à tenir compte des avancées notables du pays ces dernières années et de la santé économico-financiere du pays, l’argentier Béninois a des chances d’y arriver.
– Amadou Hott (Sénégal)
Titulaire d’un MBA en finance de la Stern School of Business de l’Université de New York, son parcours professionnel débute dans la banque d’investissement internationale, avec des passages à la Société Générale à New York, puis à BNP Paribas et ABN AMRO à Londres, où il s’est spécialisé dans le financement structuré et les fusions-acquisitions pour l’Afrique. En 2006, il rejoint Millennium Finance Corporation à Dubaï, avant de prendre la direction de UBA Capital à Lagos en 2008, la filiale d’investissement du groupe UBA.
En novembre 2016, Hott intègre la BAD en tant que vice-président chargé de l’Électricité, de l’Énergie, de la Croissance Verte et du Changement Climatique, où il soutient des programmes visant à développer les énergies renouvelables en Afrique. Il quitte ce poste en avril 2019 pour devenir ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, sous la présidence de Macky Sall. Dans ce rôle, il s’est concentré sur des projets d’infrastructure, utilisant largement les emprunts internationaux pour financer des initiatives nationales. Ce choix stratégique a permis au Sénégal de lancer des projets de grande envergure, mais a également accru la dette publique, ce qui suscite des inquiétudes sur la stabilité budgétaire à long terme du pays. Mais sans la dette, un pays peut-il s’en sortir ?
Depuis décembre 2022, Hott est Envoyé spécial du Président de la BAD pour l’Alliance pour l’Infrastructure Verte en Afrique, une initiative de soutien aux projets d’infrastructures durables. Sa candidature à la présidence de la BAD est soutenue par le nouveau Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui a mis en avant son expertise dans le financement et ses liens internationaux.
– Abbas Mahamat Tolli (Tchad)
Né en avril 1972 à Abéché, au Tchad, Abbas Mahamat Tolli est diplômé en administration des affaires de l’Université du Québec en Outaouais. Après ses études, il intègre l’administration tchadienne, occupant successivement des postes dans les douanes et dans les ministères, où il devient brièvement ministre des Finances en 2006 avant d’assumer d’autres fonctions dans la gestion des infrastructures et des finances publiques.
Sa carrière se poursuit au sein de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), dont il est secrétaire général en 2008 puis gouverneur en 2017. Sous son mandat, la BEAC adopte plusieurs réformes en collaboration avec le FMI pour stabiliser les réserves de change et moderniser les politiques monétaires. Tolli est également président de la Banque de Développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), où il supervise la gestion de projets variés dans la région. Ces projets incluent la modernisation des systèmes informatiques et la mobilisation de ressources additionnelles pour diversifier les financements publics, bien que les impacts concrets de ces initiatives soient encore difficiles à mesurer sur le long terme. Il est le candidat officiel de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et le cousin du Président tchadien Mahamat Idriss Déby. Ce lien ajouté à ses qualités sont ils suffisants pour convaincre et y arriver ?
– Ousmane Kane (Mauritanie)
Diplômé de l’École Polytechnique de Palaiseau et de l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne, Ousmane Kane possède une formation technique solide en ingénierie, complétée par une orientation vers les responsabilités administratives et institutionnelles.
Entre 1991 et 2005, Kane a occupé plusieurs fonctions importantes au sein de la BAD, où il a notamment été Directeur des ressources humaines, Directeur de la planification stratégique et du budget, puis Vice-président des services institutionnels. Ces postes lui ont permis de se familiariser avec les aspects administratifs et de gestion au sein d’une institution multilatérale, bien que son expérience soit concentrée sur les fonctions de soutien plutôt que directement sur les opérations financières.
En 2006, Kane est nommé Chargé de Mission auprès du Chef de l’État mauritanien, se consacrant principalement aux investissements. Il devient Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie en septembre 2006, avant de prendre la tête de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) en novembre 2008. En août 2009, Kane est nommé Ministre des Finances de la Mauritanie, poste qu’il occupe jusqu’en avril 2010. Il devient ensuite Directeur Général de IMIC (International Mining & Infrastructure Corporation), une junior minière active au Cameroun et cotée à la Bourse de Londres, qu’il quitte le 31 juillet 2014. Jusqu’en 2020, Kane est Président du Conseil d’administration de la Générale de Banque de Mauritanie, Président Exécutif d’Engineering & Consulting (Enco), et administrateur indépendant de Tasiast Mining Limited SA, Algold SA et Liberia Mofe Creek Mining Incorporated. Il est nommé Ministre des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs en août 2020.
Malgré son expertise technique et son parcours, sa candidature semble mise en retrait du fait de l’absence de soutien ferme de son gouvernement. Et pourquoi ?
– Samuel Maimbo (Zambie)
Avec près de 30 ans d’expérience dans le développement, les marchés financiers et la planification stratégique, Samuel Maimbo a occupé divers rôles au sein de la Banque mondiale, où il a débuté en 2001 dans le cadre du programme pour jeunes professionnels. Il a été Chef de cabinet de plusieurs Présidents de l’institution et a dirigé le département Mobilisation des Ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA), où il a supervisé la reconstitution de l’IDA20 avec un montant record de 93 milliards de dollars.
Son parcours prend également en compte des postes de direction dans la planification budgétaire et la gestion des performances, ainsi que dans la Finance et l’Innovation, où il a travaillé sur des projets dans les secteurs du logement, des marchés de capitaux, des finances climatiques et de la gestion des risques. Avant d’intégrer la Banque mondiale, Maimbo a été inspecteur bancaire à la Banque de Zambie et auditeur chez PricewaterhouseCoopers. Il est titulaire d’un doctorat en administration publique de l’Université de Manchester et un MBA en finance de l’Université de Nottingham.
Dans un contexte où la BAD valorise le bilinguisme et la connaissance locale, Maimbo pourrait éprouver des difficultés à s’imposer face aux autres. Pour autant, pourra y il arriver en t il raflant la mise ?
Bientôt on en saura un peu plus sur ses candidatures et de qui l’emportera pour diriger la BAD.

Mick de BADAR
(Sources internet

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