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L’éphéméride de l’Espoir : Le Président Fulbert Youlou

Fulbert Youlou né le 09 juin 1917 à Madibou (Afrique-Équatoriale française, aujourd’hui république du Congo), fut le premier Président de la République congolaise de 1959 à 1963. L’abbé Fulbert Youlou est l’un des personnages les plus controversés du Congo-Brazzaville, à tel point que durant des décennies, il fit l’objet d’un anathème dans son pays. Pourtant, à ses débuts, celui qu’on appelait l’« Abbé » était apparu à ses concitoyens comme une sorte d’homme providentiel. C’est lui qui, en août 1960, avait conduit son pays à l’indépendance. Lui qui, en décembre 1960, avait organisé une grande conférence intercontinentale à Brazzaville, au cours de laquelle il vanta les bienfaits du libéralisme économique et condamna le communisme. Catholique, il s’intéresse beaucoup aux spiritualités traditionnelles. « Si l’histoire rapporte que l’abbé Fulbert Youlou reçoit son baptême en 1924 à l’âge de 09 ans, sa vie spirituelle en tant qu’adulte est aussi tournée vers la religion originelle puisque certaines de ses méditations se feront dans un lieu mythique et mystique des adeptes de la religion traditionnelle ». Au Congo, on lui a prêté un certain nombre de pouvoirs mystiques tout au long de son parcours. On raconte qu’il aimait se baigner et prier aux chutes de la Loufoulakari, lieux hautement symboliques où Boueta M’bongo, résistant du royaume du Kongo avait été décapité par les colons. L’on prétend qu’il s’y baignait avec sa soutane et ressortait tout sec de ces eaux. En 1929 il intègre le petit séminaire de Brazzaville. Plus tard, c’est au Cameroun qu’il poursuivra sa formation au grand séminaire de Yaoundé. En ce lieu, il fait la connaissance de Barthélemy Boganda qui sera lui-même premier prêtre centrafricain mais également père de l’indépendance de son pays. De retour au Congo, il est d’abord affecté au séminaire de Mbamou comme enseignant. Le 9 juin 1946, il est ordonné prêtre. Affecté en paroisse puis comme aumônier des prisons et de l’hôpital central, il est ensuite envoyé dans la localité de Mindouli. C’est là qu’il fait ses premiers pas en politique. En 1947, il est candidat au sein du collège africain aux élections territoriales mais essuie un échec. Il se rapproche des Matswanistes auprès desquels il devient très populaire tout en gagnant en popularité et en influence auprès de toutes les populations autochtones. Dans le même temps, ses rapports avec l’Église catholique se compliquent. Le 11 décembre 1955, son évêque, Mgr Michel Bernard, met son veto à sa décision de se présenter de nouveau aux élections territoriales. En 1956, Fulbert Youlou crée son propre parti politique, l’Union démocratique de défense des intérêts africains (Uddia). Il est élu Maire de Brazzaville aux élections municipales de la même année. Les élections partielles 1958 procurent la majorité au parlement à l’Uddia de Youlou. Il devient ainsi Président du conseil de gouvernement. La sanction ecclésiale tombe : Youlou n’a plus le droit de porter la soutane ni de célébrer la messe. Mais il transgresse allègrement cette interdiction portant toujours sa soutane. Plus tard, on lui comptera officiellement au moins quatre femmes. Au référendum de 1958 au cours duquel la France du général Charles de Gaulle proposait à ses colonies une « communauté » préparant à l’indépendance, Youlou et son parti adhèrent au « oui ». En 1959, les antagonismes ethniques entre Balali et des M’Bochis exacerbés par les rivalités politiques entre l’Uddia et le Mouvement socialiste africain (MSA) provoquent des affrontements. Le 21 novembre 1959, l’abbé Fulbert Youlou, jusque-là Premier Ministre, devient le premier Président de la République du Congo. En 1961, date de la première élection du pays depuis son avènement à la souveraineté internationale, il est confirmé président. En 1960, doté d’une certaine aura, Youlou organise une conférence sur le libéralisme économique, lui qui a toujours rejeté le communisme. La même année, il décide de renvoyer les membres européens de son gouvernement. En 1962, il lance un régime de parti unique qui lui a été fatale. Le 13 août 1963, il fait arrêter des syndicalistes opposés aux statuts qu’il proposait pour ce régime. Une manifestation pour la libération de ces syndicalistes dégénère en émeutes anti-gouvernementales Le 15 août, les manifestants exigent la démission du président Youlu et tout le pays est handicapé. Il finit par démissionner de ses fonctions. Le régime issu de cette insurrection qualifie ses trois journées qui ont consacré la chute de l’ancien prêtre de « trois glorieuses ». Youlu est emprisonné jusqu’à son procès en 1965. Youlou meurt en exil à Madrid en 1972, à l’âge de 54 ans, suite à une maladie hépatique, a déclaré son secrétaire, qui a précisé que le corps avait été transporté à l’hôpital San-Carlos, où sera pratiquée une autopsie. Le gouvernement congolais de l’époque accepte que son corps soit rapatrié mais il n’a droit à aucune cérémonie officielle. Il est enterré dans son village à Madibou.

Flora HOUNSOUNOU

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