Gouvernement en France Bayrou nommé Premier Ministre (Centriste, le Président du MoDem réalise un rêve de plusieurs années en arrière)

Finalement au bout d’une semaine de suspense, le chef de l’État français a choisi ce vendredi 13 décembre 2024 le premier responsable du MoDem pour succéder à Michel Barnier, le plus éphémère Premier Ministre de la Ve République en France.
Plus d’une semaine après la chute du gouvernement Barnier, renversé par une motion de censure, François Bayrou prend les reines de Matignon. À 73 ans – le même âge que son prédécesseur de droite -, le Président du Mouvement démocrate (MoDem) devient le quatrième Premier Ministre du Président Macron en moins d’un an, et le sixième depuis 2017, date de son élection à l’Élysée.
Après avoir été reçu à l’Élysée par le chef de l’État, cet allié historique du camp présidentiel est attendu en fin de matinée dans la cour de l’hôtel de Matignon. Il y retrouvera Michel Barnier, entouré de ses Ministres démissionnaires, pour la passation de pouvoirs.
Cette annonce vient clore une semaine de flottement et de revirement au sommet de l’État, où Emmanuel Macron est apparu hésitant. À la recherche d’un «accord de non-censure», le chef de l’État avait réuni, le 10 décembre, toutes les forces politiques – à l’exception de LFI et du RN. Avant de promettre une nomination dans les «48 heures» suivantes.
Avec un jour de retard et un voyage en Pologne, le choix du chef de l’État français s’est donc finalement arrêté sur un homme à coup sûr d’expérience : député, patron de conseil général des Pyrénées-Atlantiques, Ministre de l’Éducation nationale en période de cohabitation, eurodéputé, puis éphémère garde des Sceaux.
François Bayrou, dont le nom a été maintes fois cité pour Matignon, avait été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron dès jeudi dernier. Il est désormais Premier Ministre de l’hexagone.
Le chef du MoDem et Maire de Pau a souvent été consulté par Emmanuel Macron pour choisir le Premier Ministre mais jamais nommé. C’est désormais chose faite. Depuis 2017, date à laquelle il s’engagera aux côtés d’Emmanuel Macron, dont le mouvement En Marche ! a à peine quelques mois, François Bayrou a toujours été systématiquement considéré comme une option sérieuse avant la nomination d’un Premier Ministre .
Depuis une semaine, ses plus fidèles soutiens ne cessaient d’assurer qu’il était « prêt » à assumer les responsabilités du poste. Le centriste est « le seul capable d’obtenir un accord de non-censure de la gauche et du RN », assurait l’un d’entre eux cité par le JDD. Pas faux, François Bayrou a accordé son parrainage à Marine Le Pen pour la présidentielle… au nom de la « pluralité ».
Né le 25 mai 1951 à Bordères, dans les Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou est issu d’une famille d’exploitants agricoles. De ses parents, « dont il a reçu une éducation stricte mais ouverte », il a hérité « l’esprit civique, le sens de la solidarité et une véritable curiosité pour la politique », nous apprend le site internet du Modem. Une biographie qui évoque également des « racines pyrénéennes, terriennes et culturelles ».
Des Pyrénées-Atlantiques à l’Europe
De fait, le parcours politique de François Bayrou commence dans les Pyrénées-Atlantiques. Elu conseiller général, il devient ensuite Député. Il sera également élu Maire de Pau en avril 2014 et en 2020), puis Président de la communauté d’agglomération Pau-Pyrénées (2014 et 2020, itou). En 1993, il sera nommé Ministre de l’Éducation nationale, poste qu’il occupera pendant plus de quatre ans.
Il est élu Président de l’UDF en 1998 et, en 2002, sa candidature à la Présidence de la République recueille deux millions de voix. La lutte contre la dette est un l’un de ses axes forts lors de la campagne présidentielle de 2007. Il recueille, lors de ce scrutin, près de 19 % des suffrages. Manquant de peu d’être présent au second tour, il lancera le nouveau Mouvement Démocrate dont il prendra la présidence.
Selon lui, dixit sa bio, « la politique française a été corrompue depuis des années par les mensonges et les illusions, les fausses promesses et les divisions artificielles ». L’auteur du livre De la vérité en politique décidera ainsi en 2012 d’annoncer qu’il votera, à titre personnel, pour François Hollande. Il lâche ainsi Nicolas Sarkozy. Et c’est en 2017, qu’il rejoindra Emmanuel Macron. Du Président , il sera un fidèle allié, même s’il n’hésitera pas à montrer son désaccord à plusieurs reprises. De quoi se faire qualifier « d’emmerdeur fini » par certains proches chefs de l’Etat.
Qu’importe, Bayrou sera nommé garde des Sceaux et sera à l’initiative de la loi pour la confiance dans la vie publique (suppression de la réserve parlementaire, contrôle des frais des mandats, interdiction des emplois familiaux, prévention des conflits d’intérêts, renforcement de l’exigence de probité financière). En septembre 2020, le Président de la République Emmanuel Macron le mettra à la tête du Haut-commissariat au Plan. Quatre ans plus tard, le Président le nommera enfin à Matignon.
Aujourd’hui, François Bayrou, qui a jusqu’ici toujours été doublé dans la course à Matignon, parait enfin en mesure d’ouvrir le dialogue avec la plupart des familles politiques… du moins de les unir par un pacte de non-censure. Rappelons que depuis des mois, le chef du Modem plaide, en bon centriste, pour la formation d’un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent » constitué de « personnalités de caractère ».
Avec sa nomination à la Primature, il réalise un rêve de plusieurs années en arrière. Va t’il réussir sa mission ? C’est une question. Fera t’il de Matignon un escalier pour l’Élysée ? C’est aussi une autre question.
Attendons de voir.

Mick de BADAR
(Sources internet