L’hospitalisation du souverain pontife, qui souffre d’une pneumonie bilatérale, devrait se prolonger plusieurs jours, relançant inévitablement les interrogations sur « l’après-François ».
L’inquiétude ne retombe pas de part et d’autre du Tibre depuis l’hospitalisation vendredi du pape François pour des soucis respiratoires. À son entrée, les communicants du Vatican voulaient éviter tout alarmisme, évoquant d’abord une visite « pour effectuer des examens nécessaires et poursuivre le traitement de la bronchite » qui accable le Saint-Père depuis début février. Pas de quoi freiner l’emballement. Dans l’heure, la presse italienne fait le pied de grue sous les fenêtres de l’hôpital Gemelli, dans le nord-ouest de la capitale, et chacun y va de sa une, photo d’un souverain pontife au visage marqué et aux traits tirés à l’appui. L’entourage de l’Argentin assure pourtant que l’octogénaire « est serein et de bonne humeur ». De quoi rassurer un temps des Italiens pressés de retourner sur l’autre grande actualité du moment : la finale du concours musico-télévisuel Sanremo.
Sauf que, sur le plan médical, les choses vont vite se corser. À l’issue d’une batterie d’examens, la bronchite papale s’avère être une « infection polymicrobienne des voies respiratoires », imposant une énième modification d’un traitement qui, jusque-là, ne semblait pas porter ses fruits. Si le pape François ne présente plus de fièvre, le staff médical fait encore face à un « cadre clinique complexe », annonçait-on mardi soir : expression qui, de l’avis des experts en langue vaticane, traduit le sérieux de la situation. Les médecins ont également observé « l’apparition d’une pneumonie bilatérale [présente dans les deux poumons, NDLR] qui a nécessité un traitement médicamenteux supplémentaire », faisait savoir l’hôpital romain.
L’homme de 88 ans, connu pour sa réticence envers la perspective des soins et contraint de quitter sa retraite à la résidence Sainte-Marthe, est désormais mis au « repos total ». L’Argentin serait ainsi alité, protégé dans un environnement aseptisé au sein de l’appartement privé qui lui est réservé au dixième étage du Gemelli, relate La Repubblica. Aucun visiteur n’est autorisé, à l’exception des blouses blanches de l’institution et du Vatican, ainsi que des secrétaires personnels de ce patient VIP.
La course à la succession est relancée
Matteo Bruni, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, s’est montré un peu plus rassurant, confiant ainsi que « le pape a passé une nuit tranquille » et qu’il « s’est reposé ». Enfermé dans sa chambre, Bergoglio ne reste pas coupé du monde, apprend-on, continuant ainsi à s’adonner à la lecture de la presse et à passer quelques appels, notamment à l’unique paroisse catholique de Gaza pour s’enquérir du sort des fidèles et des habitants du territoire palestinien.
Difficile, en revanche, d’imaginer une sortie imminente du souverain pontife comme il en était question en début de week-end. L’hospitalisation pourrait se prolonger dans le temps, prévient-on, afin de s’assurer de la pleine guérison de Papa Francesco. Conséquence inévitable : en plus des événements de la semaine, une nouvelle salve de rendez-vous a été annulée à commencer par la traditionnelle audience générale du mercredi ainsi que l’audience jubilaire prévue samedi et la célébration de la messe sainte, dimanche, à l’occasion du Jubilé des Diacres. Le pape François cédera donc sa place à Rino Fisichella, pro-préfet du Dicastère pour l’Évangélisation, et missionné par le pape pour l’organisation de l’année sainte, inaugurée en décembre dernier à Rome.
Le trône de Saint-Pierre laissé temporairement vide, les chuchotements quant à la succession du pape ne pouvaient que repartir de plus belle. Peut-être attisés par le récent succès du Conclave d’Edward Berger, plaisantent certains journalistes. Sur la ligne de départ, 141 cardinaux (dont 110 nommés par François) en âge d’être élu 267e pape de l’Histoire. Chez les bookmakers, quelques noms ont la cote comme le patriarche latin de Jérusalem Mgr Pizzaballa, ou le n° 2 du Vatican, le cardinal Parolin, sans oublier, bien évidemment, le très populaire président de la Conférence épiscopale italienne, Matteo Maria Zuppi.
Un petit jeu de pronostics qui ne devrait pas vraiment surprendre François. « Je suis toujours en vie, même si certains voulaient ma mort. Je sais qu’il y a même eu des rencontres entre prélats, qui pensaient que le pape était dans un état plus sérieux que ce qu’on disait. Ils préparaient le conclave. Patience ! » avait-il ironisé à la suite d’une intervention au côlon sous anesthésie générale, à l’été 2021.
« Chaque fois qu’un pape est malade, on sent un peu le vent du conclave qui souffle », reconnaissait encore très récemment l’intéressé dans son autobiographie. Mais de rapidement doucher les ambitions de certains : « La réalité est que même à l’époque de mes opérations chirurgicales, je n’ai jamais pensé à démissionner. » Le natif de Flores n’écarte cependant pas l’hypothèse d’un pas de côté, si ses forces physiques ou mentales venaient à le trahir. « Dès mon élection, j’avais remis au camerlingue une lettre de démission en cas d’empêchement pour raisons médicales, comme l’avait fait aussi Paul VI. Et si cela devait arriver un jour, je resterai à Rome comme évêque émérite », a-t-il prévenu.
Un scénario sur lequel quelques rares médias ne semblent même plus miser, assurant plutôt que François « est en train de mourir » et aurait même déjà « reçu l’extrême-onction ». Dans ses pages, Politico décrit un pape « sentant la fin proche » et affairé à organiser sa succession et à protéger son héritage pontifical. Une chose semble en revanche mettre d’accord les observateurs du Saint-Siège : si François devait ressortir vainqueur de son combat contre l’infection polymicrobienne, son pontificat pourrait prendre un virage nouveau. Fini l’agenda-fleuve et les rythmes « monstres » pour celui qui vient de souffler son 88e printemps, espère sûrement sa garde rapprochée. Encore faudra-t-il convaincre cet Argentin un brin têtu. « J’ai un mauvais caractère », n’avait-il pas lui-même reconnu.
Bénin Espoir se fait le devoir de se joindre à tous ceux qui prient pour le souverain pontife pour qu’il retrouve sa santé. Le pape François, on en a encore besoin.
Mick de BADAR
Source internet
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