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Élection présidentielle au pays de Muhammadu Buhari : Le Nigeria attend les résultats (Le dépouillement se poursuit)

Élection présidentielle au pays de Muhammadu Buhari :
Le Nigeria attend les résultats
(Le dépouillement se poursuit)

Environ 100 millions de Nigérians sont appelés, ce samedi 25 février 2023, aux urnes pour élire leur nouveau Président. Au total, 18 candidats dont une femme convoitent le fauteuil présidentiel. Trois 03) d’entre eux sont favoris, il s’agit du candidat du parti au pouvoir, All progressives congress (APC), Bola Ahmed Ashiwadju Tinubu, du candidat du principal parti d’opposition, Peoples democratic party (PDP), Abubacar Atiku et du candidat du Labor party (LP), l’outsider Peter Obi. Ces trois (03) sont les plus en vue selon certains sondages de la présidentielle nigériane.
Avec environ 100 millions de votants, le Nigeria est de loin, la plus grande démocratie du continent africain. Pour ce qui est de l’alternance démocratique, depuis la fin de l’ère des coups d’Etat en 1999, les élections se déroulent normalement dans ce pays peuplé de plus de 220 millions d’habitants et composé de plusieurs ethnies.
Selon plusieurs observateurs, ces élections s’annoncent être le plus serré de l’histoire politique et électorale au Nigeria. Ils sont dix-huit (18) candidats qui compatissent pour succéder à Muhammadu Buhari qui a fait ses deux mandats constitutionnels, même si trois (03) seulement d’entre eux partent favoris: Atiku Abubakar du PDP qui se représente pour la 6ème fois à la présidence, Bola Ahmed Ashiwadju Tinubu du APC du président sortant Muhammadu Buhari et Peter Obi. Ce dernier mise sur la jeunesse pour changer la donne. Les trois (03) candidats sont de richissimes hommes d’affaires et connaissent bien les rouages administratifs et d’affaires du pays.
Visiblement, il sera difficile à un candidat d’obtenir la majorité absolue dès le premier tour de ce scrutin qui apparaît très serré. Il faudra probablement attendre le 11 mars 2023, date du second tour, pour connaître le nom du futur Président de ce grand pays. Dans ce cas, tout dépendra des alliances qui vont se nouer au lendemain des résultats de ce premier tour.
En effet, pour être élu Président de cette puissance économique et démographique du continent, il faut disposer d’une majorité absolue, mais aussi obtenir au moins 25% des votes dans les deux tiers des trente six (36) Etats et dans le territoire de la capitale fédérale du Nigeria, Abuja.
Qui sont ces trois (03) favoris ?
— Atiku Abubakar: candidat pour la 6ème fois à la présidentielle nigériane, se présente cette fois-ci sous la bannière du principal parti de l’opposition, le People’s Democratic Party (PDP), formation qui avait dirigé le Nigeria de 1999 à 2014. C’est un vétéran de la vie politique nigériane et il est l’un des deux premiers grands favoris de cette élection. Ayant été vice-président d’Olusegun Obasanjo durant deux (02) mandats, Atiku Abubacar connait bien les arcanes du pouvoir nigérian. Très riche homme d’affaires, il a investi dans l’import-export, le pétrole, l’agriculture, les télécommunications et la santé. Libéral, il envisage de s’attaquer à l’insécurité et à la crise économique qui prévaut dans le pays ces dernières années. Il compte tirer profit des échecs du parti au pouvoir, notamment la crise économique (inflation, pénuries d’essence et de billets de banque et surtout le chômage) et l’incapacité des gouvernants actuels à éliminer le terrorisme au nord avec Boko Haram et le banditisme. Il est considéré par une partie de l’électorat comme faisant partie des dinosaures de la politique nigériane. Avec ses soixante seize (76) ans, il est le doyen des candidats dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans. Or, le fossé ne cesse de se creuser entre une jeunesse avide de changement et une élite vieillissante qu’il incarne avec le candidat de APC, Tinubu. S’il peut compter sur l’électorat musulman du Nord, la candidature d’un ancien Gouverneur de Kano, Rabiu Kwankwaso, ultra-populaire et ancien membre du PDP, risque d’entraîner une dispersion des voix dans cette importante région. Aussi s’étant occupé lors de sa vice-présidence des dossiers de privatisation de centaines d’entreprises publiques déficitaires, certains l’accusent d’avoir profité de son ascension pour faire fructifier ses propres affaires.

— Bola Ahmed Ashiwadju Tinubu, le «Parrain», comme on l’appelle est fortement aimé dans la capitale économique Lagos, le premier creuset électoral de ce grand pays. Comme Atiku, à soixante dix (70) ans, Tinubu est aussi un vétéran de la vie politique nigériane. Il fut Gouverneur de Lagos et sa gestion a été bien appréciée par les populations. Ce qui devrait constituer un atout pour lui, sachant que Lagos est le premier Etat pourvoyeur d’électeurs avec sept (7) millions d’inscrits, devant Kano, Etat musulman du Nord (5 millions d’électeurs). Surnommé affectueusement «Le parrain», le «faiseur de roi», «le boss», Tinubu, candidat du parti au pouvoir, est aussi influent que controversé. Agé de soixante dix (70) ans, Tinubu, musulman, considéré comme l’un des hommes les plus riches du Nigeria est un ancien sénateur puis Gouverneur de Lagos (1999-2007), poumon économique du Nigeria. L’homme qui se vantait d’avoir élu Muhammadu Buhari en 2015 et 2019, souhaite désormais être Président de la République. Ses priorités sont la sécurité et la reprise économique. Il compte mettre fin aux subventions des carburants. Un sujet très sensible et qui divise au Nigeria. Il rappelle souvent aux sceptiques, qu’il est à la base de la transformation fulgurante de la capitale économique durant ses deux (02) mandats.
Considéré comme le plus grand favori de l’élection présidentielle avec la machine du parti au pouvoir et de son influence, ces dernières semaines, le bilan l’actuel gouvernement, la pénurie d’essence et surtout de billets de banque ont rebattu les cartes en défaveur de APC au pouvoir et de son candidat. Du coup, Bola Ahmed Ashiwadju Tinubu essaye de se démarquer du bilan du Président sortant en assurant qu’il fera largement mieux. Aussi l’origine de sa fortune suscite des accusations de corruption qu’il balaie d’un revers de main en soulignant que «ce n’est que de la jalousie» et des querelles de personnes.

— Peter Obi, un outsider qui veut sonner l’épilogue de l’alternance Nord-Sud. L’alternance Nord-Sud à la tête du Nigeria sera-t-elle ébranlée par Peter Obi ? la question se pose avec beaucoup d’acuité depuis que ce troisième candidat a fait émerger une troisième force face aux deux (02) grands partis : All Progressives Congress (APC) et People’s Democratic Party (PDP). Il ambitionne redresser l’économie nigériane et lutter contre l’insécurité, au même titre que les autres candidats. Pour obtenir les faveurs des électeurs, Peter Obi s’appuie sur un certain nombre d’atouts. D’abord, même s’il est âgé de soixante un (61) ans, il est considéré comme jeune, comparativement aux deux (02) favoris : Atiku (76 ans) et Tinubu (environ 70 ans). Ainsi, les jeunes éduqués et connectés semblent trouver en lui la personne qu’il faut pour initier le changement et le rajeunissement de la classe politique nigériane. Sachant que 60% des Nigérians ont moins de 24 ans, un vote jeune peut créer la surprise et le propulser à la tête du grand Nigeria. Aussi son bilan en tant qu’ex-gouverneur de l’Etat d’Anambra (Sud-Est) fait de lui un candidat sérieux et respectable à même d’apporter les changements souhaités à la tête du pays, surtout qu’il est réputé pour son intégrité, ce qui est un atout au Nigeria où les deux autres favoris sont accusés de corruption. Étant le seul candidat du Sud-Est, il bénéficiera de l’électorat de cette région et de celui des Igbo, l’un des principaux groupes ethnolinguistiques du Nigeria et qui représente environ 15% des 220 millions d’habitants du Nigeria. Par ailleurs, étant un fervent chrétien, contrairement aux deux favoris qui sont musulmans, cela peut aussi lui être favorable sachant qu’outre l’alternance Nord-Sud, l’alternance religieuse (musulman-chrétien) est aussi considérée comme une règle non écrite dans ce pays peuplé de croyants religieux. Reste qu’Obi part avec un certain nombre de handicaps. D’abord, le Labour Party (LP) qu’il a intégré récemment est un petit parti par rapport aux deux grands partis (APC et PDP) du pays et son électorat est surtout concentré dans le Sud-Est. Ensuite, son fief est aussi celui traditionnel du PDP d’Atiku. Enfin, les velléités indépendantistes de cette région découragent certains électeurs à voter pour cet outsider.
Sauf une grosse surprise, l’un des trois (03) candidats devrait succéder au Président sortant Muhammadu Buhari qui vient de boucler ses deux (02) mandats constitutionnels à la tête du pays.
En état de cause, trois (03) facteurs vont peser sur cette élection: la crise économique, l’insécurité et le vote régional.
Le Nigeria est plongé dans une profonde crise économique. La croissance est faible (seulement 2% entre 2017 et 2021) et l’inflation est galopante et tourne actuellement autour de 21% à cause de la flambée des cours des matières premières sur le marché international et de la forte dépréciation du naira, la monnaie du pays, face aux devises étrangères. Cette inflation affecte tous toutes les couches particulièrement les salariés et la classe moyenne nigériane. Mais, les dernières semaines de campagne électorale ont été surtout marquées par des pénuries d’essence et de billets de banque( à cause de la réforme monétaire) qui ont occasionné des heurts dans certaines régions du pays. Cette situation économique ne manquera de peser sur l’élection présidentielle et c’est le candidat de APC, parti au pouvoir, qui risque d’en subir les conséquences.
Il y a aussi le problème sécuritaire. Les deux (02) mandats du Président Buhari n’ont pas réussi à aider à endiguer le terrorisme de Boko Haram au nord du pays. Malheureusement, l’insécurité gagne du terrain avec le banditisme armé qui s’étend aux autres régions, notamment au niveau du monde rural, alimenté par la crise et la pauvreté accrue dans ce pays pourtant riche en pétrole et gaz naturel.
Le troisième facteur qui va peser sur l’élection est bien sûr le vote régional et ethnico-religieux, comme c’est le cas dans de nombreux pays africains.
Chose intéressante est que l’élection s’est bien déroulée, les électeurs se sont bien comportés, les agents électoraux ont fait de leur mieux pour parer aux nécessaires pour un meilleur scrutin. Tout le Nigeria garde son souffle pour attendre les résultats que proclamera INEC, l’institution en charge de l’organisation des élections dans ce pays. L’Afrique et le monde entier attendent ces résultats compte tenu de la position stratégique du pays le plus peuplé du continent africain. Qui l’emportera parmi les trois favoris ? Attendons de voir.

Mick de BADAR

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